Le pesquié est un hameau de 3 bâtiments construit au pied de petites falaises du rebord est de la can de l’Hospitalet. En 2005, ce lieu garde une vocation agricole mais semble presque à l’abandon : plusieurs bâtiments s’abîment rapidement, de l’eau coule en permanence sur la piste. Au moins le hameau ne manque-t-il pas d’eau…
Jusqu’au XIXème siècle le Pesquié s’appelait Saint-Pierre de Noalhac. La terminaison en « ac » est caractéristique et indique une origine gallo-romaine. De fait, des tessons de poterie du IIè siècle après JC ont été trouvés à proximité (cav p. 17). Le lieu apparaît encore sous ce nom sur le tableau des hameaux de Barre des Cévennes, établi en 1862 par Mr Cabanel, instituteur de la commune). Jusqu’au début du XIVème siècle, Saint-Pierre de Noalhac a accueilli la première église de Barre, dédiée au Saint Pierre en question. A voir l’état actuel du site, humide, froid et austère en hiver, éloigné du bourg, on est en droit de se demander ce qui a bien pu y motiver la construction d’une église… affaire à élucider. Puis une nouvelle église a été construite dans le centre de Barre pour faciliter l’accès, et celle-ci est tombée en désuétude et a disparu d’une manière que je n’ai pas élucidée. Le compoix de 1604 mentionne encore la « terre et le cimetière de Saint-Pierre-de-Noalhac contenant pré, cazal, pède ».
Aujourd’hui, le Pesquié est composé de deux ensembles de bâtiments :
- en dessous de la piste, deux bâtiments reliés par un passage ont servi de corps d’habitation au premier étage et de bergeries au rez de chaussée
- au dessus de la piste, un bâtiment très massif a servi de bâtiment agricole.
La ferme, encore occupée en 1960, a manifestement été abandonnée assez brutalement. De nombreuses traces de la vie courante y subsistent, maintenant exposés à tous vents et menacés par l’écroulement intempestif de parties de toits ou de murs…
Retournons dehors.
Passé le choc de la lumière qui éblouit, on est soudain surpris par la différence d’aspect entre les différents blocs de bâtiments. Ceux qui sont situés sous la piste sont construits en pierres de petites dimensions, non taillées, et d’un agencement rustique. Celui qui est situé au dessus de la piste est construit en pierre de taille de grosses dimensions, qui semblent tout à fait disproportionnées avec la taille et la fonction du bâtiment, qui n’a pas à priori de vocation défensive, ni d’apparat vu sa situation et son environnement.
En effet les deux grandes portes, conçues pour faire entrer des charrettes ou des bêtes, témoignent de sa vocation agricole. Peut-être le premier étage a-t-il également servi d’habitation (la face est présente une porte et des fenêtres d’habitation). La construction d’un tel bâtiment a probablement nécessité beaucoup d’argent… à moins que le constructeur ait gratuitement disposé de ces belles pierres de taille.
Or, dans la monographie de Mr Cabanel de 1862, l’auteur constate en observant le château de Terre Rouge, situé à un peu plus d’un kilomètre de là, que « des pierres de taille ont été enlevées, elles ont dû servir à la construction des habitations du domaine de Jean-Pierre Noalhes, à qui le château appartient ». La proximité des deux noms, et le fait qu’un chemin facilement praticable relie les deux sites, donne envie de faire l’hypothèse suivante : et si le bâtiment principal du Pesquié était bâti à partir de pierres prélevées au château de Terre Rouge ? Ce bâtiment serait donc tout ce qui reste aujourd’hui du château, qui a depuis été rasé pour remblayer la route !
Un signe – interprété à la va-vite, c’est vrai – pourrait conforter cette idée : au dessus de la porte d’habitation on voit un trou triangulaire, et il est net qu’une pierre a été enlevée de cet endroit. Pourquoi ne serait-ce pas une pierre d’armoiries, prélevée sur le château, posée là, puis plus récemment volée – chose courante sur les bâtiments de la région ! Tout ça serait à vérifier… Je vous tiens au courant si j’ai des nouvelles !