L’assemblée du 23 septembre 1689 est sans doute la plus célèbre de toutes celles qui se déroulèrent sur la can de l’Hospitalet, et de fait la plus célébrée encore aujourd’hui. Les raisons de cette célébrité sont multiples.
Tout d’abord, elle fût convoquée par François Vivent, prédicant emblématique s’il en est, et Claude Brousson. De plus, le bruit aurait semble-t-il couru que des instructions importantes devaient être apportées à cette occasion pour la suite du mouvement. Tout ceci contribua probablement à exciter les imaginations et les énergies des protestants les plus enthousiastes. De fait, le succès du rassemblement dépasse les espérances, et même les souhaits, de Vivent et Brousson : les cévenols arrivent en nombre, armés, apparemment prêts à en découdre le plus vite possible avec les forces armées catholiques, alors que ce n’est pas l’objet immédiat de l’assemblée. Une troupe de plus de 80 protestants traverse ainsi le village du Pompidou sans aucune précaution, se montrant de manière provocante au curé et au Sr de la Blaquière.
La troupe arrive au rendez-vous sur la can, en un lieu qui n’est pas connu avec précision mais que la tradition orale a placé près du hameau de l’Hospitalet, dans un chaos rocheux au coeur d’un petit bois de hêtre. Il y a là, autour de Vivent et Brousson, tous les principaux meneurs du mouvement de révolte protestant : Mazel, Lapierre, Laporte, Couderc, Gazan… Toute la soirée, des protestants en arme continuent de grossir la troupe, jusqu’à être enfin une centaine. On peut comprendre qu’un tel rassemblement ait pu engendrer une atmosphère très particulière, propice à croire à une victoire totale et rapide sur l’oppression si l’on allait à l’affrontement immédiat.
Face à cette excitation, la tradition raconte que Brousson et Vivens n’ont pas la même position. Brousson est un inconditionnel partisan de la lutte non violente et Vivens plus apte à aller à l’affrontement armé. Mais cette fois-ci, même Vivens désapprouve ce mouvement trop impulsif. Ses projets auraient en effet été d’organiser un grand rassemblement 8 jours plus tard au lieu-dit « le fau des armes », sur le Mont Lozère, où l’arrivée de renforts venus du Vivarais aurait permis une action beaucoup plus importante. Les deux prédicants essayent donc de calmer tout le monde en leurs recommandant de mieux s’organiser.
L’assemblée se termine au petit matin du 24 septembre, sans donc qu’aucune action importante ne se soit déroulée ni décidée.
Les suites de l’assemblée
Les heures et les jours suivant l’assemblée sont confus. Les participants se dispersent dans la campagne, et plusieurs petits groupes séparés qui vont vivre des aventures non concertées et parfois malheureuses.
Tout d’abord, quatre compagnies de milices royales, informées du rassemblement, arrêtent environ 40 personnes. Brousson, Vivent et 24 hommes, qui ne sont encore qu’à un quart de lieu de là, sont alertés. Ils organisent immédiatement deux pelotons, vont à la rencontre des milices, et délivrent les prisonniers sans violence (il semblerait que l’officier de la milice n’ait guère eu envie de faire le coup de feu pour conserver les prisonniers).
Cette action de guerre victorieuse, malgré sa facilité, relance Vivens dans ses vélléïtés d’en découdre plus avant. Il entraîne avec lui les plus motivés des hommes. De manière étonnante, Brousson suit le mouvement, tout en continuant à prêcher la non violence. Ils sont environ 63, et restent toute la journée entre le Pompidou et Molezon. Le soir ils montent sur la can de Terre Rouge, continuent sur Ferrière, descendent sur la Salle Prunet où ils arrivent la matinée du 25.
Le 26, Vivens apprend que David Quet avait réuni 83 hommes en armes. Il fait proposer à Quet de conduire ses hommes vers la Baume Dolente pour que les deux groupes puissent s’y regrouper. Hélas, Manuel, le messager, connaît beaucoup de déboires durant sa mission : il peut à verse, il est arrêté par l’intendant Basville qui arrive avec 1700 hommes de renfort. Il est finalement relâché mais découvre à La Rouvière que l’équipe de David Quet n’est forte que de 12 personnes au lieu des 83 attendues. Finalement il n’arrive pas à les mener à la Baume Dolente car la rivière est en crue !
Pendant ce temps, Vivens et son équipent vont se cacher sur le versant nord du Bougès, près de Rampon, car ils ont appris l’arrivée des renforts de Basville. Le 27, la bande descend tout doucement la vallée du Tarn en passant à Salièges, Bédouès. Vers 10 heures du soir du soir ils arrivent au Pont de Barre, à l’entrée de Florac. Une altercation s’engage avec la petite troupe présente à cet endroit. Les soldats prennent peur, fuient et répandent la nouvelle que 4000 personnes marchent sur Florac. La ville se croit perdue, crie, fait sonner les cloches, donnant une impression de grand remue ménage qui fait peur à Vivent. Peut-être sous l’influence pacificatrice de Brousson, les révolutionnaires tournent les talons alors que la ville aurait pu être prise. Il semble qu’ils se soient dispersés à ce moment. Vivens monte à la baume dolente à la rencontre de Quet et son équipe qu’il s’attend à y trouver, mais ils ne trouve personne, et pour cause.
D’après ppc, p. 331
Autre information que j’ai trouvée mais qui ne semble pas cadrer avec le reste : jjuste après la fin de l’assemblée de l’Hospitalet, une partie du groupe reste rassemblé et circule sur la can et aux alentours. Il se met à pleuvoir très fort, et certains cherchent la baume dolente pour s’y abriter, sans la trouver. Peut-être est-ce uen confusion avec l’équipe de Quet ?
Cette assemblée semble aujourd’hui être considérée comme l’une des assemblées fondatrices du mouvement… Une stèle a d’ailleurs été apposée sur un rocher de l’Hospitalet.