Lorsqu’on descend la D9 depuis le sommet de la can de l’Hospitalet vers le Pompidou, peu de temps après être passés sous la ferme des crottes, on arrive dans une zone relativement plate qui tranche nettement avec les kilomètres précédents. On arrive ici en terrain gréseux. Des rochers à la fois tourmentés et arrondis s’élèvent de part et d’autre de la route, et l’on se sent tout à coup en terrain méditerranéen…
Des carrières, encore des carrières
Toute cette zone est parsemée de carrières qui semblent dater de toutes les époques (l’une d’elles est en exploitation aujourd’hui sur le versant nord). La plus visible est située à l’intersection de la D9 et de la petite route qui s’en sépare pour descendre vers la vallée borgne à la cote 909. De ce que j’ai pu en voir on devait y extraire un grès très grossier, et probablement de l’arène, sorte de sable plus ou moins fin.
Petite énigme géologique qui reste à résoudre pour moi : dans l’espèce de mixture minérale qui fait le lien entre les différents blocs de grès plus résistants, on trouve du schiste. Comment a-t-il pu arriver là alors que le soubassement schisteux se trouve plusieurs dizaines de mètres plus bas.
De l’autre côté de la D9, une vaste zone de carrières semble avoir été dévolue à l’extraction de calcaires. Avant 2010, on pouvait voir, sous une forêt de pins, des dépressions creusées de main d’homme qui avaient libéré des pans de falaises aux formes étranges, surnaturelles. Les déblais, toujours trop encombrants, avaient été entassés en buttes qui sinueuses qui formaient des arêtes aux cheminements imprévisibles. Sous les rayons de soleil qui parvenaient à traverser l’épaisse couche d’aiguilles, certains blocs s’illuminaient, d’autres étaient maintenus dans une pénombre secrète. L’ambiance était calme et envoûtante, et amenait à se poser des questions… Qui sont les hommes qui ont fait résonner ce lieu de coups frappés contre la pierre, et pourquoi l’ont-ils abandonné ?
Retour à la réalité : en septembre 2010 la forêt a été exploitée avec une grande délicatesse : des tracteurs ont coupé les pins et arraché les souches, des bulldozers ont nivelé tout, il ne reste quasiment plus aucun signe visible de ces carrières dont à mon avis l’étude un peu pointue aurait été intéressante.
En bordure de la D9, sur la droite en descendant, à quelques mètres de l’entrée de cette zone de carrières, un banc de grès porte de nombreuses traces de polissage. Selon certains historiens il a été utilisé durant le néolithique comme polissoir. Selon d’autres personnes (dont Camille Hugues) il a été utilisées par les carriers modernes pour l’affûtage de leurs outils, ce qui semble vraisemblable au vu des nombreuses carrières des environs immédiats. D’autres polissoirs du même type se trouvent derrière une petite colline à une centaine de mètres de là.
Quelques mètres en aval du site précédent, un trou profond et étroit attire l’attention dans un banc de grès du bord de la route : pouvait-il également servir à affûter un outil, ou son rôle était-il différent ?
Un site idéal pour l’habitat néolithique ?
A l’ouest des carrières, des prairies bien exposées sont adossées à une barre de grès un peu plus importante. Le site fait penser au rocher des fées du Barret, ou à Mont-vieux, qui ont accueilli, au moins temporairement, des petits villages au néolithique : plein sud, du terrain relativement plat facile à mettre en culture, de l’eau pas trop loin, des rochers pour adosser des constructions…Pourtant, pas de signe tangible d’installation humaine ancienne, si ce n’est des débris de schiste abondants un peu partout, et quelque chose qui pourrait être pris pour une cupule dans l’une des barres… mais rien n’est moins sûr !
Enfin, un site qui semble tout de même à étudier de plus près !