Photo d’en-tête :
Des blocs de chaille à côté d’un genêt purgatif,
qui témoigne de l’acidité relative du sol malgré le calcaire sous-jacent
(can noire)
La « chaille » est une roche siliceuse apparentée au silex, généralement de couleur claire, que l’on trouve dans les calcaires du jurassique. Elle s’est créée lors de la diagenèse (formation de la roche) : sous certaines conditions la silice présente dans les boues calcaires peut migrer et se rassembler en nodules très concentrés en silice.
La chaille se trouve de manière relativement abondante en certaines parties de la can de l’Hospitalet. Ces endroits sont relativement aisés à détecter grâce aux genêts qui y poussent souvent. En effet, le genêt est une plante des sols acides, qui ne pousse pas sur les calcaires purs qui sont plutôt basiques, sauf justement dans certains endroits localement plus riches en silice, et en particulier dans les « calcaires à chaille ».
Du point de vue qui nous intéresse ici, la chaille présente deux différences notables avec le silex :
- la cristallisation est beaucoup plus grossière pour la chaille que pour le silex
- le silex est totalement composé de silice, alors que la chaille peut présenter des gradients de concentration en silice, plus ou moins mélangée avec le calcaire environnant
Pour ces deux raisons, la chaille est moins homogène et moins solide que le silex. Il est plus difficile de la tailler car elle a tendance à se briser selon les nombreuses lignes de faiblesse qui la traversent, les faces des éclats obtenus sont moins lisses et planes, les arêtes sont moins coupantes et surtout plus fragiles : elles s’écaillent plus facilement qu’avec du silex.
En l’absence de « vrai » silex sur la can, la chaille a été un matériau de remplacement utilisé par les hommes préhistoriques pour fabriquer des outils et des armes. Il est d’ailleurs amusant de constater la ressemblance des formes de certains morceaux de chaille naturellement brisés par l’érosion avec des pierres taillées rustiques.
Les faibles qualités techniques de la chaille ont poussé les hommes des environs à se tourner rapidement vers l’outillage en fer, ou à importer du vrai silex de zones parfois éloignées (jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres), j’en ai moi-même trouvé des fragments dans les environs, comme je l’ai raconté ici : Le petit tailleur de pierre du roc du chien fou.