L’aspect des paysages de la can de l’Hospitalet et des alentours se comprend facilement dès lors que l’on a les bases d’information sur la manière dont elle s’est formée. Il y a 5 millions d’années, à la fin des processus de sédimentation qui ont déposé les calcaires, la can formait un seul et même plateau avec le causse Méjean. Puis les processus d’érosion se sont mis en marche. En s’enfonçant le Tarnon a creusé jusqu’au schiste sous-jacent et un peu au delà une profonde vallée qui a séparé la can du Causse. Côté cévenol, l’érosion a entièrement décapé le calcaire, et la can repose sur les sommets des crêtes schisteuses. La can constitue donc ce que l’on appelle en géologie une « butte-témoin », c’est à dire le fragment d’une couche plus large ayant maintenant disparu.
L’érosion qui est à l’origine de l’individualisation de la can a fonctionné de manière « différentielle », ce qui signifie de manière assez compréhensible qu’elle a attaqué de manière différente les couches rocheuses selon leur résistance. Les couches les plus meubles (marnes, grès, calcaires tendres) sont en quelque sorte en éboulement perpétuel, et donnent naissance à des pentes assez faibles.
Les couches les plus solides (schiste sous-jacent, certains calcaires plus durs) donnent naissance à des replats, que l’on peut par exemple facilement observer tout autour de la can et du causse Méjean, à mi-pente des versants. On les appelle des « ressès ». Ces replats sont importants pour l’homme à plus d’un égard. Le terrain plat a permis d’y installer des hameaux, des cultures, des voies de communication… c’est souvent là aussi que sortent les sources, chassées de sous terre par des couches géologiques imperméables.
Certaines couches de calcaire ont une composition chimique particulière : les ions calcium ont été remplacés par des ions de Magnésium (ne me demandez fichtre pas pourquoi) pour donner un calcaire spécial appelé « dolomie », qui présente la particularité d’être moins soluble que la calcite des calcaires ordinaires. Cette particularité donne naissance à des reliefs très particuliers, les reliefs dolomitiques, à la fois arrondis et dressés vers le ciel, que l’on peut par exemple observer dans les chaos de Nîmes et Montpellier le vieux sur les Causses, et aux alentours de l’Hospitalet sur la can. De nombreuses falaises de bordure de plateau sont également dolomitiques, comme par exemple au dessu de la Baume Dolente pour ce qui concerne la can de l’Hospitalet.
Dolomitiques ou pas, les sommets des versants sont assez systématiquement surplombés de falaises terminales appelées les « couronnes », qui donnent aux plateaux vus d’en bas leur allure de forteresse bien caractéristique.
En certains endroits affleure une couche de « calcaire à chailles » (les chailles sont une sorte de silex), qui présente la particularité tout à fait étonnante pour un calcaire, généralement neutre du point de vue chimique, d’être légèrement acide. Ces zones sous souvent matérialisées dans le paysage par la présence genêts purgatifs, espèce mes milieux plutôt acides en principe absente des plateaux calcaires. L’agriculture a exploité cette différence car les calcaires à Chailles semblent meilleurs pour le Seigle, et les calcaires ordinaires accueillent bien le blé.
Coraux fossiles, traces de dinosaures, captures de rivières, filon de microgranite baladeur… La can de l’Hospitalet est riche de nombreuses autres curiosités géologiques et géomorphologiques !