Image d’en-tête : carte de la confédération arverne
L’époque gallo-romaine couvre une période débutant avec la conquête de la Gaule (IIème siècle avant JC, on cite souvent l’année -121) à la fin de l’empire romain d’occident (476 après JC).
La conquête du sud de la France par les romains (-121 à -50)
Dès 121 avant JC, les romains ont envahi tout le sud est de la Gaule et créent la « Provincia ». Les Volques arécomiques (tribu gauloise qui vivait sur le territoire de l’actuelle région nîmoise) sont intégrés à la province romaine de Narbonnaise. A l’est, les Vellaves (Velay) et les Helviens (Ardèche) se rallient aux Romains. Dans un premier temps il ne semble d’ailleurs pas que les romains aient eu l’intention d’aller plus loin et d’envahir l’ensemble de la Gaule celtique (à cette époque, par exemple, au nord de ces territoires occupés, la confédération Arverne est libre). Le sénat souhaitait simplement maintenir l’ordre dans la Provincia et en écarter les menaces d’invasion. Comme si souvent au cours de son histoire, la région des Cévennes se trouve sur une frontière…
En -58, les choses s’accélèrent. Sous prétexte de protéger les Eduens (gaulois vivant sur le territoire des actuels départements de Saône et Loire, Nièvre et Côte d’or), alliés de Rome depuis -121, Jules César fait pénétrer les légions en Celtique. C’est le début de l’épisode le plus célèbre de la conquête romaine sur notre territoire : la Guerre des Gaules (58 à 50 avant JC). Une fois les Suèves et les Helvètes repoussés, César laisse ses armées en place. Les Belges se soulèvent contre cette occupation en 57. César les mate durement et continue la répression. En 55 il passe le Rhin, en 54 il envahit la grande Bretagne.
César réprime les révolte de manière si brutale qu’en 52 avant JC, les Rutènes (Tarn, Aveyron), les Gabales (Lozère), les Nitiobroges de l’Agenais et les Cadurques du Quercy s’allient à Vercingétorix et ils lancent à leur tour les hostilités en envahissant le Languedoc. Les armées de Jules César, traversant les Cévennes en hiver, gagnent rapidement la guerre. A partir de 52 avant JC les Gabales sont assujettis à la puissance romaine et rattachés à la province d’Aquitaine.
La paix romaine (-50 à 476 après JC)
Une fois le pays conquis, une certaine paix s’installe, sorte d’arrangement à l’amiable entre l’envahisseur et les autochtones. Les romains amènent avec eux un certain nombre de perfectionnements techniques : tour à poterie, moulin à eau, greffage des fruitiers, techniques architecturales (utilisation du mortier de chaux, tuiles plates…). L’emprise romaine n’est cependant pas totale : les romains n’arrivent pas à implanter leur religion en profondeur. Les divinités adorées par les gallo-romains sont généralement des divinité celtiques romanisées, sur la base de la ressemblance la plus proche.
Sur la can de l’Hospitalet et aux alentours…
Dans les Cévennes et les vallées environnant la can de l’Hospitalet, la communauté gallo-romaine est dense et active. Une certaine prospérité s’installe. Les mines de plomb argentifère de Cocurès, Ispagnac, les Bondons sont l’objet d’une active exploitation. Des orpailleurs recueillent des paillettes d’or dans les sables du Tarn, et les fromages du mont Lozère sont connus des gourmets de Rome ! (htf, p.9). Beaucoup de noms de lieux témoignent de cette influence romaine. Tous ceux qui se terminent en « ac » (Ispagnac, Gabriac, Quézac…) marquent clairement leur origine romaine. Florac a donc pu être à cet époque un établissement qui aurait pu appartenir à un certain Florus. Dans les Feuda Gabalorum, Vébron est nommé « Villa de Vebrono » ce qui indique également son origine romaine.
Sur la can et aux alentours, on trouve de nombreuses traces d’occupation datant de cette époque, matérialisées par des tessons de céramiques, tegulae (tuiles), tombes… Aucune étude ni fouille sérieuse de ces sites n’a été réalisée, mais compte tenu de ce que l’on sait du contexte régional, on peut faire des hypothèses raisonnables sur la présence humaine en ces lieux.
Le plateau a très probablement eu une vocation agricole. On sait que, durant cette période, par suite de la culture sur brûlis, la forêt a très rapidement régressé puis quasiment disparu de la can, qui présente alors un aspect ouvert de lande à buis, avec quelques chênes et pins sylvestres. Des zones de sols plus profonds et plus riches, (les dolines), sont adaptées à la culture intensive de céréales. Tout cela permet d’imaginer une économie pastorale composée d’élevage, de cultures alimentaires et de chasse. Cette hypothèse est renforcée par le fait que, sur le Causse Méjean voisin et très ressemblant du point de vue géomorphologique, de nombreuses « villae » (établissements agricoles) ont été identifiées. Un établissement de ce type pourrait par exemple avoir existé sur la can de Ferrière, au nord du col de Vache.
Dès avant l’époque gallo-romaine la can était un lieu de passage important, tant pour les troupeaux (qui circulaient sur les drailles) que pour les hommes. En pleine période gallo-romaine, cette vocation a probablement perduré. L’ancienne route des Gabales, qui reliait Nîmes à Anderitum (actuelle Javols), capitale des Gabales, a très certainement connu une circulation intense. Il est donc probable que des établissements d’accueil de voyageurs aient existé sur le plateau à l’époque gallo-romaine. Des traces de bâtiments ont été repérées le long de cet itinéraire, entre le col de Solpérière et l’Hospitalet, ou près du site médiéval de Terre-Rouge.
Un petit lieu de culte (fanum) gallo-romain a également été identifié sur le sommet du Serre de Montgros, point culminant de la can.
Le plateau pourrait également avoir continué à accueillir une activité plus « industrielle » : la production de fer, comme quelques siècles avant à l’âge du fer… A l’est du Serre de Montgros, on trouve des scories de fer mélangées avec des fragments de poteries gallo-romaines et médiévales…
Le plateau accueillait donc certainement plusieurs activités économiques. Il était par contre, comme de nos jours, très probablement vide d’habitants autres que ceux qui y travaillaient. Aucun vestige, aucun souvenir dans la toponymie, ne permettent d’étayer l’existence de villages à cette époque, ce qui est compréhensible : l’hiver y est glacial et enneigé, l’eau y manque en été. Pour trouver des traces d’habitats denses, il faut quitter le plateau et descendre sur le « ressès » (replat qui entoure le plateau à mi-pente), mieux abrité et approvisionné en eau. Saint Laurent de Trèves, par exemple, a accueilli une communauté gallo-romaine, peut-être plus importante qu’au XIXème siècle !