Image ci-dessus : Annonce de la finalisation du paréage de 1307 par Philippe le Bel
La renaissance couvre une période d’environ 3 siècles, de la fin du moyen-âge (1300, prérenaissance) au début du XVIIème siècle, vers 1600. Le terme a été fabriqué à partir de considérations culturelles et artistiques (ce fût une période de renouveau) plutôt que politiques. En Cévennes, et sur la can de l’Hospitalet, la renaissance reste donc une période plutôt sombre, avec les conséquences des guerres de religion.
Le paréage de 1307
A cette date, le pouvoir royal et le pouvoir épiscopal, en les personnes de Philippe le Bel et Guillaume Durant (évêque) mettent les choses au clair entre eux : ils se partagent leurs zones d’influence à l’occasion d’un acte appelé le « paréage » (compromis), et écrivent tout ça noir sur blanc dans un document qui est une vraie mine pour les historiens : les Feuda gabalorum (les fiefs des Gabales). L’ouvrage recense les fiefs relevant des deux pouvoirs.
A partir de ce paréage, la situation locale est confuse car les limites d’influence des deux parties sont complexes, certaines communes sont à cheval sur les deux zones d’influence…
La guerre de cent ans (1337 – 1439)
La fin du moyen-âge est surtout marquée par le conflit franco-anglais. Le Gévaudan, contrairement à d’autres provinces du midi, n’est pas souvent au cœur des combats, même si les grandes compagnies y font parfois des incursions violentes. Urbain V, le pape gévaudanais, use de ses talents de négociateur pour essayer d’obtenir la paix, sans succès.
En 1360, le traité de Brétigny attribue le Rouergue aux anglais. Le Gévaudan devient alors zone frontière. Il faudra encore attendre cent ans pour que le futur Louis XI négocie le départ des grandes compagnies pour l’Espagne !
Cette période est marquée par une autre calamité : la peste noire, très puissante en Gévaudan. Il semblerait que les communes du Gévaudan aient perdu à cette occasion 2/3 de leurs effectifs ! Il faudra attendre près de 300 ans pour que les niveaux de population reviennent à leur état d’avant la peste et la guerre. C’est le « siècle de l’homme rare », comme l’appelle Emmanuel Leroy-Ladurie. (hvc, p. 39)
C’est à cette époque que s’installe dans la région la famille seigneuriale des Taulignan, en provenance du Dauphiné.
L’installation de la réforme
Le conflit franco-anglais et les épidémies, avec leur cortège de morts, ont mis à l’honneur une interrogation essentielle des chrétiens: le salut de l’âme. Bien souvent, le clergé catholique n’a pas été en mesure de répondre et Rome n’a pas réussi à mettre en place certains projets de réforme. Parallèlement, le courant de pensée humaniste affirme que le savoir doit aboutir au bonheur de l’homme. Tous les domaines des sciences sont explorés, analysés, critiqués et les dogmes religieux subissent ces interrogations. La pratique des indulgences est l’un des abus le plus souvent souligné.
Le début du XVIe siècle est donc marqué, comme dans toute l’Europe, par, la diffusion des nouvelles idées concernant une réforme de l’Eglise catholique. Arrivées par l’Allemagne et la Suisse, elles ont un retentissement important en Gévaudan, et plus particulièrement, dans deux régions: la terre de Peyre, au nord-ouest, et les Cévennes au sud-est. Un temple est construit à Marvejols en 1561. Théodore de Bèze, successeur de Calvin, serait venu prêcher en cette même ville.
Les raisons du succès de la Réforme dans ces deux zones sont encore débattues par les historiens. Si la conversion de certailles familles nobles, comme les seigneurs de Peyre ou de Chambrun en Haut-Gévaudan, les Gabriac, les Fontanilles en Cévennes, a eu un impact indéniable sur leurs sujets,
cette unique raison est insuffisante. La forte tendance des seigneurs cévenols à s’opposer à l’ application du paréage sur leurs terres, et par-là, à s’opposer au roi et à l’évêque, a également créé un terrain favorable aux nouvelles idées. (leb, p.44)
La réforme pénètre dans les Cévennes en deux phases. D’abord elle couve comme le feu sous la cendre, de 1530 à 1559. Puis elle explose au grand jour, en 1560 (hvc, p. 51).
Les guerres de religion (1562 – 1598)
Les guerres de religion se développent en France entre 1562 et 1598 (Edit de Nantes). Ces événements ont évidemment pris une grande importance en Cévennes, du fait de la forte implantation protestante. Patrick Cabanel a même écrit « Sans cette dernière, les Cévennes existeraient-elles, si l’on peut dire ? » (hdc, p. 20).
L’unité religieuse de la France est intimement liée à la volonté centralisatrice de l’Etat : celui-ci réagit donc par la répression. Le Gévaudan se trouve alors logiquement au coeur des guerres religieuses qui débutent en 1562 et qui ensanglantent le pays jusqu’à la signature de l’Edit de Nantes en 1598. François Astorg de Peyre est l’une des premières victimes de la Saint-Barthélémy à Paris.
Pendant une quarantaine d’années, les combats se succèdent : prises de villes, enlèvement de personnes avec échanges contre rançon, réquisitions, massacres, destructions. ..Mende, la ville épiscopale, devient le centre de la reconquête catholique : répression ou conversion sont les choix laissés aux « partisans de la religion prétendue réformée ». Marvejols est prise par Bertrand de Cénaret en 1568 qui pille la ville. Le gouverneur est arrêté et exécuté à Toulouse. Au Bleymard, un accord entre catholiques et protestants est signé en 1567, insistant sur l’importance du respect mutuel mais cette initiative reste isolée. La résistance protestante du Haut-Gévaudan s’organise au château de Peyre, autour du capitaine Mathieu Merle. La prise de Mende par les protestants en 1579, à Noël, est l’un des faits les plus marquants par son ampleur. La cathédrale est presque entièrement détruite et une partie de la population passée par les armes des hommes du capitaine Merle. En 1586, Marvejols est, une fois encore, prise par les catholiques dirigés par le duc de Joyeuse, amiral de France. La ville est pillée et de nouveaux massacres sont opérés. Le château de Peyre est aussi détruit par les ligueurs la même année. Les destructions, complètes ou partielles, d’église et de temple sont systématiques.
Si le bilan humain est difficile à dresser, l’appauvrissement du pays est indéniable: disettes, inflation, épidémies, augmentation des impôts… L’essor démographique du début du siècle est brisé.