Les drailles, ou dralhes en occitan, sont des itinéraires utilisés pour faire « transhumer » les troupeaux, c’est à dire les faire monter dans les alpages d’altitude à la saison chaude, lorsque l’herbe devient trop rare ou trop sèche dans les altitudes inférieures. Les troupeaux transhumants sont généralement des moutons, mais dans certaines régions les vaches transhument aussi. Ce principe de transhumance se rencontre dans toutes les parties du monde où les étés sont chauds et secs… et où il y a des montagnes à disposition. Tous les massifs du pourtour méditerranéen ont donc leur transhumance et leurs drailles. En France, il existe donc tout naturellement des drailles au pied de trois massifs montagneux : les Alpes, les Pyrénées et le Massif Central. Celles qui mènent du Languedoc vers le massif central traversent les Cévennes et notamment de la can de l’Hospitalet.
La formation des drailles est très ancienne, peut-être même antérieure à l’arrivée de l’homme d’après certains auteurs. Dans le sud du massif central, elles pourraient remonter au VI ou VIIème millénaire avant JC.
Le terme de draille n’est pas vraiment normalisé : certains chemins rustiques escaladant des versants cévenosl sont parfois appelés draille eux aussi, c’est pourquoi certains auteurs préfèrent, pour décrire les itinéraires de grande transhumance, le terme de « collectrice ». Ainsi la « collectrice de l’Asclié », ensemble de drailles permettant de relier les plaines du Languedoc à l’Aubrac, la Margeride et le Mont Lozère, est souvent appelée « draille de Margeride« . Personnellement, j’appellerai « draille » les « grands » itinéraires de transhumance, c’est à dire ceux qui relient les plaines du Languedoc aux hauts plateaux du massif central, avec des dénivelés conséquents (1000 mètres environ) et des distances parfois considérables (jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres, nécessitant plusieurs jours de marche).
Deux branches de cette collectrice de l’Asclié se rejoignent sur la can de l’Hospitalet, à peu près à hauteur du hameau de l’Hospitalet. Ces deux branches réunies forment un seul tronçon sur quelques kilomètres puis se séparent à nouveau au col du Rey. La can de l’Hospitalet constituait donc un important lieu de passage de troupeaux, avec tout ce que cela comportait d’avantages (échanges…) et d’inconvénients (il fallait régler les modalités du passage des animaux).
A côté des informations avérées, vous trouverez aussi un récit plus romancé de l’histoire de la draille : 7 tableaux pour la draille.