La can d’Artigue est un minuscule territoire, une étroite bande de rocher qui s’avance au dessus de la vallée du Tarnon, dans une direction nord-ouest. On en fait le tour en 1 heure à peine. Dans sa partie la plus large, celle qui la rattache à l’ensemble des autres cans, elle est peu intéressante : les pratiques agricoles ont finement raclé sa surface qui est uniformément enherbée. Difficile d’y sentir l’esprit du lieu.
Mais plus on s’avance vers la pointe, plus on s’éloigne du monde ordinaire. Une quantité incroyable de clapas énormes occupent quasiment la moitié de la surface du sol, séparés par un dédale de pelouses rases qui semblent entretenues comme une moquette d’hôtel de luxe. Certains prennent des formes bizarres, qui font immanquablement penser à des vestiges humains, bien que cela ne soit absolument pas avéré. Même les arbres semblent ici préférer rêver en compagnie des pierres : avec une ténacité confondante, bon nombre d’entre eux ont préféré pousser leurs racines au travers des pierres de clapas.
Sur le rebord est du plateau, à la naissance du vallon qui entame la descente vers le vallon de Tardonnenche, une étrange forêt s’est installée : les arbres y sont couverts de lichen à un tel point que les feuilles n’y sont quasiment plus visible. On se croirait dans une scène du Seigneur des anneaux…
La can d’Artigues est un endroit où l’on a envie de faire silence.