La can de l’Hospitalet (ou « cham », ou « chaume » de l’Hospitalet) est un petit plateau calcaire posé sur le schiste, délimitée par les vallées de la Mimente (au nord) et de son affluent le Briançon, la vallée du Tarnon (à l’ouest), la vallée Borgne (au sud) et la vallée Française (à l’est).
Tarnon et Mimente font partie du bassin versant atlantique, vallée française et vallée Borgne font partie du bassin versant méditerranéen, plaçant la can sur la ligne européenne de partage des eaux. Au delà de ces quatres vallées qui bordent la can, sont plantés quatre massifs montagneux bien caractéristiques : le Causse Méjean (calcaire) à l’ouest, le Mont Bougès et le Mont Lozère (granite) au nord, les crêtes cévenoles schisteuses à l’est, et le Mont Aigoual (schiste et granite) au sud. La can est donc à un carrefour géologique, et l’on va voir dans ce site que le carrefour est également climatique, écologique et culturel. C’est toute la richesse de ce lieu attachant et passionnant.
L’ensemble du plateau présente une forme très allongée : son axe nord-sud mesure une douzaine de kilomètres, pour 3 kilomètres au niveau le plus large dans l’axe est-ouest, et quelques dizaines de mètres à peine dans les étroitures » constituées par les 3 cols qui la traversent (voir ci-dessous).
L’altitude moyenne du plateau tourne autour de 1030 mètres, avec une légère tendance à descendre du sud vers le nord : les points culminants (Serre de Montgros, 1111 m, et Peyre-Agude, 1102 mètres) sont tous deux situés sur le plateau sud, tandis que la can de Balazuègne, dernier plateau au nord, passe entièrement sous les 1000 mètres. A part ces deux « extrêmes », la presque totalité de la surface est assez uniforme, constituée de molles et amples ondulations de terrain aux pentes très faibles ou nulles, qui se situent entre 1000 et 1070 mètres. Le col du Rey, situé approximativement au centre de l’ensemble, en constitue le point bas le plus notable à 987 m. De fait il a toujours constitué LE lieu de passage prévilégié pour traverser la can dans l’axe est-ouest.
L’appellation « Can de l’Hospitalet » n’est pas très définie et peut désigner deux entités géographiques différentes et emboitées :
- La can de l’Hospitalet au sens strict représente la partie sud évasée du plateau, depuis les bordures surplombant la commune de Bassurels au sud jusqu’au hameau de l’Hospitalet au nord. Sa surface est de 12 km².
- La can de l’Hospitalet au sens large intègre la partie sud décrite ci-dessus, mais également un autre ensemble de plateaux (can de Balazuègnes, la can de Tardonnenche, la can noire, la can de Ferrière…), situés au nord de la précédente, entre les hameaux de Tardonnenche, Ventajols, Balazuègnes et Ferrière…
En son milieu, l’ensemble se réduit à une étroite bande de calcaire que traversent trois cols d’orientation est-ouest : col de Solpérière, col des Faïsses, et col du Rey. L’ensemble représente 35 km², et s’étale à des altitudes comprises entre 800 et 1111 mètres d’altitude. Lorsque l’on traverse l’ensemble de ce territoire, on constate une continuité de paysages qui rend difficile la distinction de ces différentes entités au néophyte, c’est pourquoi dans ce site, c’est l’appellation au sens large que je prends en compte…
Je me permettrai d’ailleurs des élargissements supplémentaires : même si officiellement la can est un territoire calcaire, la vraie vie ne s’arrête pas aux limites géologiques. Communes, exploitations, chemins, sites historiques… autant d’entités qui sont souvent à cheval sur plusieurs roches et qu’il serait absurde de couper aux limites du calcaire. Il sera donc souvent question d’endroits situés aux portes du calcaire, voire carrément sur le schiste (Barre des Cévennes, Le Barret, Saint Julien d’Arpaon, Saint Laurent de Trèves…), parce que de tous temps leur histoire a été intimement liée à celle de la Can ! Et puis, régulièrement, j’aurais aussi besoin d’évoquer des faits ou des lieux encore plus larges, car ce qui s’est passé sur la can a aussi, parfois, dépendu de faits survenus dans la France entière, voire au delà…
Un territoire homogène… mais administrativement morcelé
Malgré quelques petites variations dans la nature du sous-sol, la can de l’Hospitalet au sens large est territoire très homogène d’un point de vue paysager, agricole, climatologique. Pourtant, aucune unité administrative ne lui correspond, car elle s’étend sur 9 communes différentes (Bassurels, Barre des Cévennes, Florac, Le Pompidou, Rousses, Vébron, Can et Cévennes, la Salle Prunet, voir la carte ).
Ce morcellement communal trouve son explication dans la grande uniformité de la can, sur laquelle on ne trouve que des prairies assez sèches et quelques cultures. Il y manque tous les autres types de paysages nécessaires à l’établissement d’une vie humaine permanente et facile : l’eau courante, les forêts (les résineux que l’on y trouve sont très récents)… Chaque commune en utilise une partie mais étend son territoire sur les vallées.
L’importance de la can à travers les âges s’est donc construite sur d’autres particularités intéressantes, sur lesquelles je reviendrai souvent dans ce site : les facilités de communication qu’elle apporte entre différents massifs, l’importance stratégique que lui confert sa position au dessus de nombreuses vallées… La can est à la fois un lieu de passage et un château fort… mais pas un lieu de vie.
Un jour prochain, disons d’ici quelques petits millions d’années, la can n’existera plus, absorbée par les pluies et les vents. Il faut absolument que je me dépêche de la parcourir en tous sens pour en gaver tous mes sens. Toutes ces raisons font de ce territoire isolé un lieu d’un intérêt exceptionnel au point de vue culturel, historique, naturel…
Merci pour cet article passionnant concernant cette région passionnante !