La can de l’Hospitalet est, par définition même, un plateau constitué de calcaire, posé sur le schiste sous-jacent. Effectivement, pour l’immense majorité du plateau, cette règle se vérifie parfaitement. Ou que ce soit, vous marchez droit devant vous sur du calcaire, et puis vient un moment ou vous atteignez un rebord, une falaise, une pente, quelque chose qui matérialise le bout du plateau. Là, vous vous penchez, et loin en contrebas vous apercevez un replat sur lequel la végétation change soudain : c’est le schiste.
Il existe pourtant un endroit, un seul à ma connaissance, ou cela ne se passe pas comme ça sur la can : vous marchez sur une surface de calcaire horizontale, et puis soudain, sans presque transition ni rupture, à peine une déclivité passagère, la végétation change, les genêts apparaissent et vous voilà sur le schiste. Ca ne paie pas de mine, mais c’est à remarquer. C’est sur la bordure orientale de la partie sud de la can, à mi-chemin du hameau de Bézuc et du col de Tartabisac, en un point côté 1033 sur la carte IGN. Allez-y, vous verrez, c’est discret et étonnant : une courte falaise de schiste montre ses dents à quelques mètres du calcaire. En cet endroit précis, en des temps reculés, une faille a relevé le niveau du schiste jusqu’à l’amener à hauteur du calcaire, et voilà que tout est bouleversé…
Selon Jean-Pierre Trésigny, hydrogéologue qui a étudié les circulations d’eaux sous la can, ce rebord de schiste forme une muraille imperméable qui empêche aux eaux souterraines de sortir de ce côté, ce qui pourrait expliquer certains phénomènes géologiques locaux originaux, comme la diffluence Tartabisac – Baume Dolente, ou la formation de lacs temporaires pendant les épisodes cévenols, par exemples.
Et pour compliquer encore un peu les chose, un filon de granite court à quelques dizaines de mètres de là…