Depuis des années j’entendais parler de la « grotte de Solpérière », mais d’une manière floue, faisant apparaître des informations contradictoires. Selon un ancien de Solpérière, elle aurait abrité une source, la source de Solpérière. Ils allaient y jouer quand ils étaient petits. Selon une autre dame, elle se serait effondrée et serait depuis cette époque entourée de barbelés. Selon une troisième personne, elle aurait été accessible par une piste partant de la route, à quelques centaines de mètres de l’embranchement de la petite route… Dans tous les cas, elle se situait à l’applomb du village (hélas, il y a 2 hameaux, ce qui ne facilite pas la précision du repérage) et « pas loin » (c’est à dire, entre 0 mètres et l’infini, selon les personnes). Méthodiquement, j’exploitais chacune de ces informations pour lancer de régulières campagnes de prospection qui se soldaient toutes par des échecs. Pas de piste. Pas de barbelés. Pas de source. Pas d’effondrement notoire… Pas de grotte de Solpérière.
Je m’interrogeai longuement sur le sens que pouvait avoir cette mésaventure. Mes informateurs avaient-ils repris à leur compte une simple légende locale, comme il en existe partout, et imaginé le reste ? Y avait-il un fonds de vérité ? Peut-être un minuscule trou grandi par une imagination de jeunesse, et depuis longtemps rebouché ?
J’avais depuis longtemps cessé toute recherche, découragé, lorsqu’un soir d’automne, à la tombée du jour, passant par là pour autre chose, je décidais de jeter un dernier coup d’oeil, rien que pour la gloire. A l’inverse des autres fois, j’ai oublié toutes les infos que j’avais collectées, et je suis parti à l’instinct, au plus proche de la route et du village, vers une microscopique falaise bien effritée et embroussaillée à quelques mètres à peine de la route. Évidemment, la grotte était là.
Certes, pas une source, certes pas un palace, mais une réelle galerie, effectivement presque refermée par la chute, des années durant, de débris rocheux et petite taille amoncelés en un bourrelet devant l’entrée.
Ce fût un grand plaisir pour moi de redécouvrir ce lieu sans doute autrefois connu et fréquenté par les enfants du hameau, avant qu’il ne sombre définitivement dans l’oubli, ce qui n’aurait pas manqué d’arriver en quelques années au vu de l’état de l’entrée. Alors je me suis glissé dedans.
Les premiers mètres sont constitués par une petite poche qui permet de se tenir (serrés) à 2 ou 3 personnes, avec un sol en poudre d’argile et de calcaire parfaitement sèche. Une galerie plus étroite part vers l’est. L’argile y devient plus humide. Au bout d’une quinzaine de mètres, la galerie s’amenuise progressivement puis devient trop étroite pour continuer à progresser, mais l’histoire de cette petite cavité ne s’arrête pas forcément là car plusieurs dézob pourraient être intéressantes à mener : l’une au fonds de la galerie, qui fait un coude et semble s’élargir à nouveau, et l’autre plus proche de la poche d’entrée, près de la quelle un effondrement du sol laisse entrevoir une ramification vers le bas.
Elle pourrait mener vers une seconde entrée, visible quelques mètres plus bas au pied de la falaise mais à ce jour trop colmatée pour pouvoir être pénétrable.
En avril 2010, sous la direction décidée de Guillaume du TNT (spéléo-club local), plusieurs enfants des environ ont engagé un travail de dézob de la galerie supérieure pour voir où tout ça peut mener. Ces travaux ont rendu la progression plus facile, sans allonger la partie pénétrable. Avis aux amateurs.