Tartabisac. Ce nom sonore et évocateur, repéré au détour d’une de mes nombreuses rêveries face à la carte murale, me faisait fantasmer depuis longtemps. A quoi pouvait-il bien ressembler ? Quel pays inconnu permettait-il d’atteindre ? J’ai pourtant attendu plusieurs années avant de porter mes pas dans ce secteur, alors qu’il ne se trouve pas à plus de 10 mn de voiture de chez moi (il est vrai qu’il y a tant à voir dans ce pays !). Ce qui m’arrêtait était la localisation à priori austère du lieu : le versant nord de la can de l’Hospitalet, au pied de versants calcaires raides et sombres, mainte fois aperçus depuis Barre des Cévennes et la route du plan de Fontmort.
C’est à l’occasion d’une balade spéléo racontée ailleurs que j’y ai finalement porté mes pas pour la première fois. De fait, l’endroit n’est pas banal. Il y a là un col assez serré qui relie le flanc est de la can de l’Hospitalet à une longue arête qui part vers l’est irriguer la vallée française. Lorsqu’on s’y tient, la vue sur les Cévennes est fabuleuse.
L’un des points forts du lieu réside dans le fait que deux roches s’y donnent rendez-vous. Côté can, le calcaire a dessiné de longues pentes régulières entrecoupées de quelques barres rocheuses horizontales de faible hauteur. Par endroit une herbe rare a réussi à s’implanter entre les éboulis grossiers, et on commence à y trouver des buis qui gagnent du terrain chaque année. Coté vallée française, le schiste dessine une arête assez effilée, toute faite d’entrelacs de strates brisées, fissurées et coupantes. Là encore, une plante prend peu à peu possession des lieux : le genêt, qui rend la progression chaque année plus difficile.
Le point de contact des roches est au col. Il y a donc là dessous une sorte de fissure dans l’écorce, un point faible dans la croûte terrestre qui, par un retournement inexpliqué, devient forcément un point énergétique fort pour ceux qui sont sensibles à ces chose là. Non loin du col, plusieurs curiosités témoignent du fait que le lieu a intéressé les hommes depuis longtemps. Le plus évident est le petit menhir qui se dresse à quelques mètres du replat. Un peu plus loin vers l’est, une magnifique bergerie pose son dos contre la pente schisteuse et offre sa face au soleil du sud, tandis que quelques chèvres dispersées dans la végétation font leurs petites affaires sans s’occuper de rien d’autre.
On peut également y voir un magnifique four à chaux, près de la piste d’accès au col, et des scories qui trainaient dans la pente indiquent qu’il y également eu par ici une industrie ancienne du fer.
Il y a aussi dans les environs deux grottes dont l’une, poétiquement nommée « Tartabisac 1« , est relativement facile à trouver et présente un intérêt spéléologique pour le néophyte car en période de sécheresse elle est pénétrable sur une trentaine de mètres et l’on peut y voir une jolie petite rivière souterraine.