Le moyen-âge s’étend approximativement de 500 à 1300.
Vème siècle : les invasions
Cette période est très mal connue pour le Gévaudan.
En 476 après Jésus-Christ, c’est la chute de l’empire romain d’occident. La paix romaine n’est plus, et la Gaule est envahie par vagues successives de « barbares » : Burgondes, Alamans, Vandales… Deux de ces peuples intéressent plus particulièrement le futur Gévaudan :
- Les wisigoths, qui s’installent dans le midi occidental au début du Vème siècle. Ils chercheront à s’engager vers le pays Arverne et le pays Gabale dès 470.
- Les Francs, qui sont une confédération de peuples germaniques initialement installés sur la rive droite du Rhin inférieur.
Les francs, avec Clovis, battent les Wisigoths à Vouillé (Vienne) en 507. Thierry, fils de Clovis, assure la domination franque sur les cités du massif central. Il règne aussi sur le pays Gabale. Les francs cantonnent les Wisigoths en Septimanie (territoire qui court des Cévennes aux Pyrénées). Le Gévaudan est intégré au royaume franc d’Austrasie qui a Metz pour capitale. La can et ses environs constituent donc une terre de frontière entre les Wisigoths en Septimanie (au sud) et les Francs au nord et à l’est. La « Vallée française », au pied de la can, tire peut-être son nom du fit qu’elle constituait l’ultime territoire franc vers le sud ?. « Gap-Francès », sur le Mont Lozère, pourrait désigner également une frontière de ce type.
VIIIème siècle : Charlemagne organise le royaume
Peu à peu, le royaume franc se construit. Les carolingiens organisent l’administration de ce qui sera un jour la France en mettant en place des pagus, circonscriptions territoriales à la tête desquelles sont placés des comtes. C’est la naissance du Pagus Gabalitanus, le futur Gévaudan. Chaque pagus est divisé en Vigeries. En Gévaudan il y en a 8 : Banassac, Grèzes, Miliac, Valdonnez, Chassezac, Vallée du Tarn, Dèze et Vallée française. C’est cette dernière qui concerne le territoire de la can.
Xème – XIIème siècle : mise en place du système féodal
Après la mort de Charlemagne, l’empire qu’il avait mis en place s’effondre. Localement, des membres de l’aristocratie, héritiers des comtes des siècles précédents, s’émancipent de la tutelle royale et assoient leurs pouvoirs sur des territoires de plus en plus étendus. Les luttes entre les seigneurs méridionaux, en particuliers (familles de Toulouse, d’Auvergne et de Poitiers) sont féroces. Officiellement, le comté de Gévaudan est membre de la maison des comtes de Toulouse, mais un vicomté de Millau-Gévaudan se met en place et fait concurrence au pouvoir de Toulouse. Par suite d’un mariage, cette vicomté s’agrandit bientôt du comté de Provence. En épousant en 1112 Raymond-Berenger III, comte de Barcelone, leur fille, Douce, lui apporte en dot la Provence et la vicomté de Millau-Gévaudan. Finalement, l’ensemble de ces biens échoit par héritage à la couronne d’Aragon en 1166. Pendant plus d’un siècle (1112 – 1258) la domination catalane et aragonaise s’exerça doc sur une partie du Gévaudan, ce qui explique la découverte d’une pièce aragonaise dans la grotte de Baumoleiro (slt, p. 4).
A cette époque, plusieurs communes de la can de l’Hospitalet (Saint Laurent de Trèves…) font partie de la baronnie de Florac, partie elle-même du comté du Gévaudan.
C’est également pendant cette période que s’installe en Gévaudan l’ordre militaire des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem. L’une des raisons de cette installation semble être l’importance des revenus liés à la transhumance, qu’il faut surveiller. Cet ordre est peut-être à l’origine de l’existence sur la can du château de Terre-Rouge, situé sur l’une des grandes drailles de la région.
Dans le courant du XIIème siècle, avec la prospérité économique, certaines communautés d’habitants s’émancipent peu à peu de la tutelle des grands seigneurs, toujours en manque de liquidité. Les communautés rachètent une partie de leurs libertés, rassemblées dans des textes officiels appelés chartes de franchise. L’organisation des communautés peut varier d’une commune à l’autre : consulat (comme à Barre des Cévennes dès 1329), syndicats (Florac, 1291) ou simples procureurs représentant leurs concitoyens (Grèze, 1485)
XIIIème siècle : le Gévaudan divisé
Après la guerre des albigeois (1203 – 1218) les comtes de Toulouse puis les rois d’Aragon disparurent du pays. En 1209 une partie du domaine des comtes tomba sous la domination des évêques de Mende, coupant le Gévaudan en deux parties : le domaine du roi, plutôt centré sur le Bas Gévaudan, et le domaine de l’évêque, beaucoup plus grand, surtout centré sur le haut Gévaudan.
Il faudra attendre 1307 pour que soit conclu entre le Roi (Philippe IV le Bel) et l’évêque (Guillaume Durand II), à la suite d’enquêtes de de procès, l’acte de paréage dont la charte règlera jusqu’en 1789 l’organisation administrative et judiciaire de Gévaudan ainsi partitionné. Dans ce contrat, le Gévaudan est érigé en comté dont le titre revient à l’évêque. Le comté est divisé en trois domaines :
- celui du Roi : vicomté de Grèze et fiefs cévenols confisqués à Pierre Bermond d’Anduze
- celui de l’évêque (vallée du Lot de Badaroux au Villard, Saint Julien d’Arpaon et le Pompidou)
- la terre commune (possession des Barons)
Le territoire de la can de l’Hospitalet dépend donc du domaine de l’évêque.
Le Roi et l’évêque jouissent d’une autorité exclusive dans leurs terres propres (droit de justice…), tandis que dans les terres communes une organisation spéciale est mise en place, basées sur un minimum de concertation.
A l’échelle inférieure, le Gévaudan est partagé en 8 baronnies, tous vassaux de l’évêque. Venaient ensuite les « gentilhommes », parmi eux ceux de Barre et de Gabriac, puis enfin les possesseurs de fiefs nobles.
La baronnie de Florac intègre les châteaux de Florac, Barre, Saint Laurent de Trèves, Mas-aribal, Moissac, Chabrières, Saint-Julien d’Arpaon. Elle appartient à la puissante maison d’Anduze jusqu’à la fin du XIVème siècle, puis à celle de Ventadour, et changera souvent de mains ensuite.
La zone de la can est à cheval sur le Gévaudan de l’évèque et le Gévaudan du roi : Barre et Saint Laurent de Trèves doivent en principe allégeance à l’évêque (par l’intermédiaire du baron de Florac). Vébron est sous la dépendance directe du roi. Cette situation complique les choses dans les environs, car c’est une zone d’affrontements fréquents.
Le servage existe en Gévaudan jusqu’au XIIIème siècle (chartes d’affranchissement en 1261 et 1270 pour les baronnies de Peyre et du Tournel).
Sur la can
Au moyen âge la can était un lieu de passage important, drainant le trafic en transit entre le Languedoc et l’Auvergne, en particulier par l’intermédiaire de la future corniche des Cévennes.
Les châteaux de Saint Laurent de Trèves et de Rousses appartiennent aux seigneurs de Barre.
Plusieurs châteaux sont construits au XIIIème siècle ou avant : à Terre rouge, à Saint Laurent.
Tout un ensemble de relais est également mis en place à cette époque, comme par exemple le complexe d’accueil de la Fage obscure, au lieu dit l’Hospitalet.
Autour de la can, l’agriculture s’organise sur des terrasses (bancels, faïsses). La châtaigneraie domine déjà, complantée de céréales (seigle surtout).