Lors de la guerre de cent ans (1337 – 1439), le représentant du roi en Languedoc (Aimery, vicomte de Narbonne), fait ce qu’il peut pour organiser la défense collective contre les anglais et les « grandes compagnies » françaises qui travaillent pour l’envahisseur ou pour leur propre compte. En 1358, il prescrit l’organisation d’un réseau de signaux en Cévennes, à partir de tours ou de lieux élevés, pour signaler l’approche de l’ennemi grâce à des flammes la nuit et des fumées le jour.
Les seigneurs d’Anduze organisent un réseau efficace qui relie sans interruption Anduze à Florac, par le signal de Saint Pierre, la tour de la Fare (près de Saint Etienne Vallée Française), le hameau de Castelviel (au dessus du hameau des Fares), le roc de Thémélac, le Castellas de Barre, la can de l’Hospitalet, et le château de Saint Laurent de Trèves.
De nombreux « diverticules » à ce réseau permettent de passer le signal dans les vallées secondaires.
Deux lieux sont évoqués pour le franchissement de la can de l’Hospitalet : le hameau du Rey, et la tour du château de Terre Rouge. Cette seconde hypothèse ne m’étonne pas, car Terre-Rouge est un lieu très fort de la mémoire locale, mais elle est probablement farfelue car le site du château n’est visible ni de Barre ni de Saint Laurent. Il faudrait imaginer une tour beaucoup plus haute que la dizaine de mètres qu’elle mesurait pour pouvoir passer le signal au dessus des rebords du plateau. Une expérimentation a été menée dans le début des années 2000, et a donné lieu à un compte-rendu succinct sur internet qui faisait état du passage par Terre Rouge sans mentionner cette difficulté. J’ai essayé de prendre contact pour avoir des éclaircissements, mais sans réponse.
Le col du Rey est donc d’après moi le maillon qui permet au signal de franchir la barrière naturelle de la can de l’Hospitalet, entre vallée française et vallée du Tarnon. Le système utilisé au col du Rey, et sa localisation exacte, ne semblent par contre pas connus.
En toute honnêteté, il faut préciser que cette histoire de réseau de tours à signaux reste controversée parmi les historiens : s’il est certain que de tels réseaux existaient et fonctionnaient dans la plaine, leur extrapolation aux vallées cévenoles n’a pas à ce jour été démontrée de manière absolue.