C’est un fait, les cans ne constituent pas aujourd’hui un haut lieu de la spéléologie. La couche de calcaire est ici relativement peu importante (jamais beaucoup plus d’une centaine de mètres) comparée à celles des grands causses tout proches, et n’a sans doute pas permis le développement de réseaux nombreux et étendus. De fait, une quarantaine de cavités seulement y sont recensées, dont la plupart dont juste des « baumes », abris sous roche… (voir le tableau récapitulatif). Cette relative pauvreté doit cependant être relativisée car la can, partiellement éclipsée par les causses, a finalement été relativement peu prospectée. Il reste donc probablement pas mal de choses intéressantes à découvrir ici, soit en pénétrant plus avant quelques cavités prometteuses parmi celles déjà connues (Baume dolente, Tartabisac), soit en recherchant des cavités encore inconnues. A ce jour, j’ai personnellement eu la chance d’être le découvreur de plusieurs cavités nouvelles (dont la grotte des sorcières, l’aven de la remise de Ferrière et la grotte du col du Rey n°2), certes modestes mais bien réelles, et je ne compte pas en rester là ! De nouvelles grottes s’ouvrent d’ailleurs de temps à autres, souvent préfigurées par des dolines et effondrements, nombreux sur le plateau.
Et puis, il faut comprendre une chose importante : si elles sont généralement modestes en taille, les grottes de la can présentent pour nombre d’entre elles un intérêt archéologique et historique. Beaucoup ont abrité des événements importants, bien que faisant hélas souvent partie de pans plutôt sombres de l’histoire locale : certaines ont servi de refuge ou de temple rustique dans les siècles troublés des guerres de religions, d’autres ont servi de stand d’entraînement au tir dans la clandestinité de la résistance, certaines ont constitué des habitat temporaire, voire… des tombeaux, pour des populations bien plus anciennes encore…
Toutes ces cavités racontent donc de passionnantes histoires, et permettent de mieux comprendre l’Histoire, comme en témoigne cette affiche de 1692 qui ordonne aux habitants du Languedoc de boucher les entrées des cavernes qu’ils connaissent pour qu’elles ne servent pas de repères aux « prédicants, vagabonds et mal intentionnés ». Lisez : aux protestants, dans l’illégalité à cette époque depuis la révocation de l’Édit de Nantes.
Oui, vraiment, les petites grottes de la can sont des sites dont la connaissance est essentielle pour qui veut comprendre le plateau, son passé et son présent.
Attention, beaucoup de grottes de la can abritent des chauves-souris, il faut absolument éviter d’y aller entre la fin de l’automne et le début du printemps.
Bonne exploration