Bien avant l’apparition de l’homme, il y a environ 190 millions d’années, la zone aujourd’hui couverte par la can de l’Hospitalet et le causse Méjean était occupée par une mer peu profonde. Le calcaire actuel s’y formait progressivement par l’accumulation des débris de petits organismes vivant qui y mouraient. Il constituait dans un premier temps une sorte de boue calcaire qui mettait des millénaires à durcir pour devenir la roche que nus connaissons aujourd’hui. Sur les bord de cette mer, des animaux ont laissé leurs traces. Sous certaines conditions, ces traces ont été recouvertes sans avoir été effacées, et ont ainsi pu parvenir intactes jusqu’à nous.
Une espèce de cette époque a laissé des traces nombreuses dans une couche géologique particulière, appelée l’Hettangien supérieur, dans les environs de Florac. Il s’agit du grallator minusculus, dinosaure gracile et, comme son nom l’indique, assez petit, appartenant à la famille des Théropodes.
Il semble assez probable qu’il existe des milliers de traces gravées dans les couches géologiques de l’hettangien supérieur. La plupart des surfaces sont actuellement recouverte par des couches plus récentes, mais on peut trouver des traces en de nombreux endroits ou cette couche a été décapée par l’érosion naturelle ou humaine. Un recensement des traces, réalisé par le Parc national des Cévennes au cours de l’année 2012, a répertorié plusieurs dizaines de sites présentant des traces de dinosaures sur le territoire du parc. Certains sites sont connus de longue date, voire ouverts à la visite du public, d’autres sont plus discrets. Voici certains d’entre eux :
- A Saint Laurent de Trèves, sur le Castelas. Lisez au passage le compte-rendu d’une visite au Castellas par des touristes pressés.
- Entre Saint Laurent et Le Devès, au dessus de la piste qui va d’un hameau à l’autre
- Sur la can de Broussous
- Entre la can de Tardonnenche et la can de Balazuègne, dans le ravin de Fontanille
- … dans un certain nombre d’aires à battre locales, qui ont sans émoi prélevé à la montagne des pierres qui portaient des traces ! Notamment à Saint Laurent Village, Artigues
- Au dessus du Mazel, près du chemin muletier qui monte du hameau jusqu’au Causse. Parmi celles-ci, coupée en deux sur le rebord d’un rocher, il y a la plus grosse qu’il m’ait été donné de voir dans le coin
On constate que ces différents sites sont situés à des altitudes très différentes les unes des autres : entre 700 mètres environ pour les traces du Mazel et plus de 1000 mètres pour celles de la can de Broussous. On se serait attendus à les trouver tous à la même altitude, dans une même couche géologique datant de la même époque (190 millions d’années, en l’occurrence). En effet, les règles de la géologie affirment sans ambiguïté que l’âge des couches augmente lorsque l’on s’enfonce vers les profondeurs, et que la vitesse de sédimentation et de production du calcaire est très lente (plusieurs dizaines de millions d’années pour 300 mètres). Cela peut signifier deux choses :
- soit ces traces ont été imprimées à des époques très éloignées les unes des autres. Dans ce cas, malgré la ressemblance (forme, taille), les empreintes seraient celles de plusieurs espèces différentes de dinosaures.
- soit les différents sites sont en fait situés dans une seule et même couche géologique, mais des mouvements ultérieurs (failles…) ont déplacé verticalement des morceaux de plateau, décalant les traces les unes par rapport aux autres
Je n’ai pas à ce jour la réponse définitive, mais je sais qu’elle existe quelque part et qu’elle est parfaitement comprise. Si quelqu’un la connaît, merci de me la transmettre…