J’ai lu ou entendu plusieurs explications étymologiques du terme « can ». Pour certains, il se rapprocherait de la racine latine calcia (chaux, calcaire), et indiquerait donc une surface spécifiquement calcaire. Pour d’autres, qui l’écrivent plutôt « cham », ou « cam », le mot se rapprocherait de « chaume », qui signifie « champ de céréale » (le chaume désignant les tiges sèches de céréale qui permettent de faire des toits dans d’autres région). Les céréales ne poussant par ici que sur les surfaces calcaire (pas sur le schiste ni sur le granite) ces deux explications peuvent se rejoindre.
Pour d’autres encore, « can » désigne une forme de paysage particulière, à savoir une zone plate située en altitude, même si elle n’est pas constituée de calcaire. La portion de crête schisteuse qui relie Barre des Cévennes au Plan de Fontmort est ainsi couramment appelée « can de Barre ». Je n’ai à ce jour trouvé aucune confirmation écrite de cette appellation.
Dans ce site, je considère que les « cans » sont tous les petits plateaux calcaires, disséminés par-ci par là sur le schiste ou le granite, dans la périphérie des grands causses de Lozère. Formant autrefois un seul bloc avec les causses, elles en ont été séparées par l’érosion qui, a grands coups de rivières et de millions d’années, ont taillé des vallées et isolé ces reliquats de calcaires des « mères » que sont les causses.
Sur la carte géologique des Cévennes présentée ci-dessous, le calcaire apparaît en orange, tandis que le violet représente le granite. La grande masse orange de gauche représente la bordure est du Causse Méjean. On distingue très nettement, un peu plus à droite et au dessus, plusieurs taches oranges de plus petite dimension. Ce sont les cans. La can de l’Hospitalet est la plus grande d’entre elles, juste sur la droite du causse Méjean, de l’autre côté du Tarnon, la rivière qui les a autrefois séparés.
Les cans ont donc plein de choses en commun avec les causses : la forme générale en plateau présentant peu de relief, la sécheresse du sol calcaire qui absorbe l’eau, le peu de végétation spontanée, le type d’architecture des bâtiments, construits en pierre calcaire, l’élevage tourné vers la brebis plus que vers la chèvre ou la vache…