Pour écrire cet article, je me suis souvent aidé de l’ouvrage La légende des camisards, de Philippe Joutard.
Le film raconte un épisode particulier de la résistance des protestants face aux troupes du roi de France, à savoir la mise en place, les actions puis la défaite du groupe de Gédéon Laporte.
René Allio a tourné le film en 1972 sur la can de l’Hospitalet et dans les environs immédiats. Dans ces époques de proximité avec les guerres de décolonisation (Algérie, Viet-Nam…), René Allio n’avait pas caché sa volonté de faire un film engagé, mais il a choisi de rester très proche des faits historiques, prétextant que la réalité était suffisamment explicite.
Ce film aux moyens relativement modestes a eu d’étonnantes répercussions à plusieurs niveaux. Il a d’abord constitué un relatif succès commercial puisqu’en 1977 il avait cumulé plus de 500.000 spectateurs, ce qui dépasse largement l’audiences d’un film régional. De ce point de vue on peut dire qu’il a contribué à faire connaître les Cévennes à l’extérieur.
Plus localement, le film a constitué pour les cévenols un véritable révélateur de leur histoire et de leur identité, car ils n’avaient souvent que des notions vagues de cet épisode de leur histoire, parfois de manière déformée ou légendarisée. Dans lldc, p. 280, Philippe Joutard raconte un débat avec le réalisateur faisant suite à une projection publique du film en août 1972 à Saint Jean du Gard. Il pointe avec étonnement le niveau d’intérêt et de critique de l’assemblée, très nombreuse et plutôt populaire.
Le film, en évitant le piège du manichéïsme, a également participé à relancer la discussion entre catholiques et protestants, et à atténuer le malaise qui subsistait encore entre les deux communautés religieuses. Les catholiques n’y sont pas tous des monstres, et les protestants pas tous des victimes ou des héros. Comme le remarque Philippe Joutard, la presse catholique a très bien accueilli le film, sans faire de critique sur le fonds, ce qui constitue une sorte de reconnaissance, et un apaisement.
Mais c’est également la personnalité attachante et la manière simple de communiquer de René Allio qui a laissé des souvenirs forts. Il a eu l’intelligence d’associer les gens du pays en les faisant travailler sur le film de nombreuses manières différentes. Les personnages principaux ont été interprétés par des acteurs professionnels, en particulier Rufus, mais de nombreux rôle secondaires ont été interprétés par des habitants des environs, comme Auguste Berger de Fraissinet de Fourque. Une partie de la logistique a également été confiée aux locaux, ainsi que certains travaux sur les décors.
René Allio, peut-être pour des raisons budgétaires mais sans doute aussi par conviction, a choisi de tourner le film dans la région même où se sont déroulés les faits qu’il raconte, sans pourtant tourner chaque scène sur son site exact. Il ne cherchait donc probablement pas l’exactitude absolue, mais plutôt à retrouver l’esprit des lieux. Quasiment toutes les scènes ont donc été réalisées en décors naturels ou dans des édifices locaux. Guy Bazalgette, agriculteur sur la can de l’Hospitalet avait 10 ans à l’époque et raconte comment l’équipe de tournage avait investi la ferme pour y installer un mois durant le PC opérationnel du tournage : locaux des habilleurs, maquilleuses, catering… Assurément une sorte de tremblement de terre dans ce bout du monde.
Intéressé par le souvenir qu’a laissé le film sur la terre ou je vis, j’ai entamé un petit travail d’enquête auprès des habitants, tentant de retrouver les lieux de tournage, mais aussi leurs impressions, en essayant de comprendre ce qu’ils en garent aujourd’hui. Ce travail est en cours, il est présenté en l’état dans les pages ci-dessous. Si vous-même avez été concerné par le tournage, ou si vous connaissez des gens qui pourraient venir enrichir et préciser ce travail, merci de me contacter. A très bientôt