Les Cévennes ne sont pas à proprement parler une terre de forêts. Rien ici de comparable aux fûtaies humides du nord de la France, rassemblant des centaines de milliers de hêtres géants… Il y a certes des forêts mais elles sont d’une moindre ampleur : les pinèdes d’altitude, quelques hêtraies résiduelles dans les coins… Les arbres s’y ressemblent apparemment tous, mais leurs minuscules différences sont innombrables, et si l’on veut en prendre toute la mesure on s’y noie comme a essayer d’écouter une musique répétitive mais éternellement changeante.
Pour moi, la vraie originalité des Cévennes, ce sont les arbres solitaires. Ceux qui, sur des sols pauvres, dans des pentes abruptes, sous des climats difficiles, s’installent malgré tout. Petits, tordus, leur isolement les magnifie car, seuls au monde, ils sont indispensables. Il y en a des torturés, qui souffrent d’une agression permanente mais que la résistance rend beaux. Il y en a qui malgré tout restent magnifiques, dressés dans une indifférence à la souffrance.