Le secteur du Mont Lozère où se situe cette balade est l’un des plus fréquentés du massif, et pour cause : l’étang de Barrandon, aménagé pour la pêche de loisir, attire beaucoup de familles en recherche d’une sortie facile et ludique. J’y suis souvent venu avec mes propres enfants, et c’est vrai qu’il est plaisant de s’égailler sur les rives au sortir de la voiture, sans avoir à traîner contre leur gré des marmots râleurs…
Pour autant, une fois les truites sorties de l’eau et le pique-nique avalé, l’envie peut prendre de s’aventurer un peu plus dans la profondeur de la nature environnante. C’est là qu’intervient la balade de la tourbière, classique petite rando des environs. Je vous en propose ici une variante qui permet de diversifier les paysages et curiosités traversés.
Départ donc par le sentier « normal », en direction du Signal des Laubies. A 600 mètres du départ, le quitter dans un virage à gauche pour prendre tout droit une délicieuse piste peu marquée, couverte d’herbe et entourée de callune. La forêt fait son apparition un peu plus loin. Si vous êtes attentifs, vous y apercevrez sur votre droite une curieuse clairière au sol caillouteux, vestiges d’une industrie de fabrication de plomb qui a fonctionné des siècles durant sur ce secteur durant la seconde partie du moyen-âge.
Suivre cette piste sur 1 km et la quitter vers la droite au point côté 1366. On remonte alors une petite vallée intime et secrète, d’abord dans les bois puis le long de vastes espaces ouverts parcourus de ruisseaux qui ne cessent d’apparaître et disparaître entre les herbes hautes. On rejoint le sentier du tour de la tourbière au point côté 1391. Tourner à gauche, puis à droite après 500 mètres. La tourbière apparaît alors sur fonds de sommets, vaste espace plan parsemé de fleurs à la bonne saison.
Le barrage est un des points intéressants de cette boucle. Couvert de végétation, il est peu visible dans le paysage et le randonneur inattentif peut passer devant sans le remarquer. Mais il a eu une influence déterminante sur le paysage local. Il a sans doute été construit pour ménager un petit étang d’élevage de poissons (truites ?), comme l’indique le nom de « Peschio » porté sur la carte. Mais une surface d’eau de ce type nécessite un entretien constant pour rester ouverte, ce qui n’a probablement pas été fait, menant irrémédiablement vers une transformation en tourbière. Le vaste espace parfaitement plan que l’on aperçoit en amont du barrage correspond sans doute à l’étendue d’eau qui lui a préexisté. La tourbière qui en résulte présente un intérêt écologique important, très riche d’une faune et d’une flore caractéristique qui le vaut le classement en ZNIEFF (Zone naturelle d’Intérêt Faunistique et Floristique). Si la localisation de la balade en zône coeur du Parc national des Cévennes ne vous avait pas encore suffisamment alerté sur le fait que la cueillette est ici règlementée, voilà une raison supplémentaire de faire attention.
On remonte ensuite plein nord jusqu’à la Croix de Maître Vidal, carrefour important puisqu’on y rejoint le sentier de crête, qui court sur toute la longueur du massif. Très belle variante : juste après avoir passé le barrage, prendre à gauche (chemin indiqué sur la carte 25000è mais non balisé).
Une fois à la crois de Maître vidal, le chemin balisé vous ramènera directement à l’étang de Barrandon, mais je vous suggère d’emprunter plutôt la piste qui part plein ouest le long de la lisière de la forêt. A 500 mètres, tourner à gauche sur une piste perpendiculaire, la suivre environ 150 mètres et tourner à droite dans une piste traversière peu visible car partiellement végétalisée. Elle vous mènera en quelques minutes au « Roc du chien fou« , un chaos granitique magnifique et chargé d’histoire.
Sur le flanc nord de la clairière du Roc du chien fou, un sentier très bien tracé, mais là encore non balisé et non signalé sur la carte, vous ramènera à l’étang.