Je reçois régulièrement des messages de personnes qui rêvent de vivre en Cévennes. La tendance s’est accentuée pendant la période de covid, mais elle était sensible depuis longtemps, déjà.
Ce sont souvent des citadins, pris dans une vie trop rapide, trop stressée, ou dont ils ne voient plus le sens. Ils rêvent de tout plaquer, de vendre, de changer de métier, de changer de tout et de s’installer à la campagne. Et idéalement : en Cévennes. Cette petite région, pour des raisons réalistes ou fantasmées, leur semble capable de leur apporter le bonheur qui (estiment-ils) leur fait défaut là où ils sont… Souvent, ces gens me demandent si par hasard je ne connaîtrai pas une petite maisonnette isolée, voire « un hameau abandonné », qu’ils pourraient acquérir pour une bouchée de pain et venir y couler des jours heureux. J’ai tant de fois pris la plume pour tenter de leur répondre que je me décide aujourd’hui à essayer de traiter le sujet de manière plus approfondie.
En préalable, je voudrais vous inciter à vous poser deux questions sur lesquelles je pense qu’il est important de vous clarifier avant de tenter quoi que ce soit.
Tout d’abord, êtes-vous bien certain.e que vous n’êtes pas, ou ne pourriez pas, être heureu.x.se là où vous vivez actuellement ? Il n’est pas rare qu’après quelques mois ou quelques années en Cévennes, des néo arrivants fassent le voyage inverse après avoir constaté que changer de lieu ne les a pas rendu plus heureux, parce que le problème était ailleurs. Dans leur travail, dans leur manière de construire leur vie, de mener leurs relations sociales, leur couple, leur famille… Peut-être est-il possible de tenter des changement simples et efficaces là où vous êtes ?
Seconde question : êtes vous vraiment certain.e que la vie en Cévennes vous conviendrait ? Si vous avez découvert la région en été – ou sur internet -, vous risquez d’être surpris. Vous en avez connu le soleil, la vie au grand air, la rivière, les petits concerts sur les places de village, les terrasses de bistrot. Qu’en sera-t-il à l’automne, lorsque la pluie tombera sans interruption pendant trois jours (les fameux « épisodes cévenols« ), poussée à l’horizontale par un vent violent qui la fera s’immiscer entre les pierres de votre mur jusqu’à former des flaques dans la cuisine ? Comment vivrez-vous les hivers rudes, parfois (encore) neigeux ? Apprécierez-vous de faire d’innombrables kilomètres sur de minuscules routes pour acheter du pain, amener les enfants à l’école ou à une activité extra-scolaire ? Lorsque le moment sera venu, serez-vous rassurés de savoir que la maternité la plus proche est à plus d’une heure de route et qu’il arrive que des femmes accouchent dans la voiture ? Réussirez-vous à vous déshabituer de vos trois séances de cinéma hebdomadaires ? Aimerez-vous sortir de votre maison sous la pluie battante pour monter à la crête chercher le réseau téléphonique ? Apprécierez-vous forcément le chant matinal du coq (version soft d’un environnement sonore campagnard) ou les hurlements à mort des chiens de chasse, enfermés dans un chenil situé à cent mètres de vos fenêtres (version hard) ?
Loin de moi l’idée de brosser un tableau sombre de la vie dans ces montagnes. Les « inconvénients » que je viens de citer en exemple (je mets des guillemets car d’aucuns apprécient tout cela) sont à mes yeux largement compensés par tout ce que j’aime ici : une nature somptueuse, une incroyable diversité de gens, un stupéfiant dynamisme social et culturel… parcourez ce site si vous voulez plus de détails !
Mais c’est un fait, on ne peut pas vivre ici comme n’importe où en France, et tous ne le supporteront pas.
Admettons maintenant que vous soyez certain(e) de vos choix de départ. Comment procéder pour atteindre votre objectif, et transférer votre vie en Cévennes ? Ce qui paraît simple de loin ne l’est pas en réalité.
Commençons par l’aspect le plus concret de la quête : le logement. Vous aimeriez acheter, mais comment trouver le pied à terre dont vous rêvez ? Certes, il y a effectivement encore, ça et là, des maisonnettes, et peut-être même quelques hameaux « abandonnés », c’est à dire que personne n’y vit en permanence, et dans certains cas même, où personne ne vient plus jamais. Mais il n’y a pas de hasard : si personne ne les occupe, il y a forcément une bonne raison. Il sont peut-être tellement loin de tout qu’aucune piste carrossable en état n’y mène plus. Ou bien, ils ne sont pas raccordés à l’eau et l’électricité. Autres cas fréquent : les familles qui en sont propriétaires n’y sont plus venues depuis une ou deux générations et en ont oublié l’existence ! Encore plus classique : ne l’ont pas oublié, mais n’y viennent plus que quelques jours par an, n’ont pas le temps, l’énergie et l’argent pour restaurer, mais ne vendraient ou loueraient pour rien au monde car il s’agit d’un patrimoine familial, que l’on préfère parfois voir tomber en ruine que de s’en séparer.
Il existera toujours des lieux à vendre, mais ils sont rares, et souvent chers. L’époque où un domaine s’achetait pour une bouchée de pain a existé, c’était dans les années 70 quand les Cévennes étaient presque mortes. Mais ces dernières décennies le pays s’est repeuplé, redynamisé, et la demande a fait remonter les prix. Ces dernières années, le réchauffement climatique, le terrorisme, le harcèlement au travail et l’ambiance stressée des villes ont accéléré la tendance. La crise du COVID a fait s’emballer le processus. Les Cévennes sont en train de devenir une région attractive, à tel point qu’on parle de « lubéronisation ». Alors le fameux mas de vos rêves, s’il existe, s’il n’est pas en ruine, il ne coûtera pas une bouchée de pain, mais plus probablement quelques centaines de milliers d’euros. Même une simple « clède » (maisonnette de pierre de quelques mètres carrés servant à l’origine à faire sécher les châtaignes) peut atteindre des prix déraisonnables.
Imaginons que, malgré tout, vous trouviez votre bonheur. Les vrais problèmes ne feront que commencer. Rendre habitable une vieille bâtisse cévenole pose des problèmes très concrets dont la résolution constitue un casse-tête technique, financier, administratif et parfois même juridique. Difficulté supplémentaire : tous les lieux situés en « zone cœur » du Parc National des Cévennes sont sous le coup d’une règlementation spécifique très rigide concernant l’architecture, les pistes, etc… Les autorisation de travaux ne sont éventuellement accordées que sous réserve de conditions très contraignantes.
A moins d’être très riche, vous êtes parti pour des années de galère. Des milliers d’heure de travail, et pas mal de séances d’ostéopathie en vue !
Peut-être vaudra-t-il mieux finalement revoir votre rêve à la baisse et vous installer dans une petite maison de village, plus ordinaire, même si elle est un peu sombre et que vous aviez rêvé n’avoir que le paysage pour voisinage ? Ou bien faire construire, pourquoi pas, une petite maison de bois – avec la difficulté reportée sur le fait de trouver le terrain de vos rêves, presque aussi rare et cher que le bâti !
Il y a aussi la possibilité de construire avec les moyens du bord une cabane dans un coin discret de forêt, en espérant échapper le plus longtemps possible à l’expulsion par les propriétaires ou les services de l’Etat. Ne riez pas, le cas de figure n’est pas rare en Cévennes, mais on parle là de gens qui ont fait un sacré chemin dans leur tête pour assumer une vie radicalement différente de la vôtre et de la mienne, et qui n’ont pas besoin de lire ces lignes pour sauter le pas. J’ai l’honneur d’être ami avec plusieurs d’entre eux, ils ont tout mon respect et mon admiration. Si un jour notre beau système capitaliste d’effondre, ils seront ceux qui souffriront le moins. Mais c’est un autre sujet.
Etape suivante de la quête : de quoi allez-vous vivre ?
Il est parfois facile de transférer ici le métier que vous faisiez ailleurs. Ici aussi, il y a des administrations, des entreprises, des écoles ou des établissements de formation qui ont besoin de personnel. Si vous « êtes » dans le bâtiment ou dans la santé, par exemple, le déficit de main d’œuvre est aussi criant en Cévennes que dans le reste de la France et l’on s’arrachera vos services.
D’autres types de métiers (comme le mien : musicien) peuvent sans problème se pratiquer ici en grande partie (pour la création, les répétitions, la prospection…) tout en nécessitant des déplacements réguliers vers la civilisation. Ce n’est pas ingérable, mais contraignant : comptez entre 3/4 d’heure et 1 heure 1/4 de voiture pour accéder aux réseaux de train ou d’autoroute.
Si vous êtes dans un métier de service (informatique, communication…), le télétravail est naturellement une solution évidente. Le téléphone portable est maintenant d’un accès correct à peu près partout sauf dans les fonds de vallées éloignés. Côté internet, nous sommes même privilégiés : depuis 2022 la presque totalité du département de la Lozère est connecté à la fibre haut débit. Et la 5G arrive ici comme ailleurs – à mon grand regret, car nous sommes progressivement inondés d’ondes nocives que nous n’avons pas demandées.
Le télétravail présente cependant certains désavantages sur lesquels je voudrais attirer votre attention. En vous déconnectant professionnellement du territoire, il risque de ralentir votre immersion et votre intégration. Vous n’aurez pas autour de vous les fameux « collègues de travail », qui constituent un maillon si important dans la constitution d’un réseau amical. Ne comprenant pas toujours bien l’objet ni l’intérêt de votre travail, qui ne les concernera pas, une partie de votre environnement social sera moins attentif à vous, et la rencontre sera moins facile. Tout cela peut se compenser, en s’investissant dans des associations, en s’inscrivant à des activités, en rencontrant d’autres jeunes parents par l’intermédiaire de la crêche, en fréquentant les concerts et spectacles… mais il est important d’y consacrer une certaine énergie, sinon le risque d’isolement est bien réel. Cet isolement que beaucoup recherchent en venant s’installer ici, mais qui deviendra pourtant pesant si l’on n’y prend garde.
Les personnes qui appuient leur installation en Cévennes sur le télétravail imaginent souvent que ce modèle leur conviendra ad vitam aeternam. Pour toutes les raisons exposées ci-dessus, nombre d’entre elles en viennent rapidement à rechercher une clientèle ou un employeur local, même s’il leur faut pour cela adapter leurs services ou en créer de nouveaux, et quitte à gagner moins. Beaucoup de néo-arrivants, télétravailleurs ou pas, en arrivent même à changer totalement de voie professionnelle, qu’ils l’aient prévu ou pas. Ce dernier cas de figure, le plus passionnant à mes yeux, mérite qu’on s’y arrête un peu plus longuement.
Si vous êtes mûr pour changer de vie, vous pouvez en effet monter un projet professionnel totalement nouveau, en correspondance avec vos aspirations (trop longtemps mises de côté, peut-être ?) et avec des besoins locaux. Cela peut marcher, car les Cévennes sont une terre propice aux initiatives, et dans certains cas cela sera plus facile que de transférer ici votre activité antérieure. Vous pouvez par exemple envisager, comme beaucoup de cévenols, une « pluriactivité », en mettant bout à bout plusieurs de vos compétences et passions dont chacune ne suffirait pas forcément à vous faire vivre. Beaucoup de gens pratiquent par exemple en parallèle un peu d’accueil (gîtes…), un peu de production et transformation de produits végétaux, un peu de services… Mais on peut aussi être maraîcher – codeur informatique ou ethnologue patissière, il n’y a aucune limite autre que celle de nos imaginations.
L’une des grandes craintes liées à la transition est, vous vous en doutez, celle du « salaire ». Combien de fois ais-je entendu des affirmations péremptoires comme « Vivre à la campagne, oui oui oui, mais en maintenant mon train de vie, bien sûr ! Ma vie professionnelle doit me permettre de gagner autant qu’avant, sinon… » Sinon quoi ? C’est la déchéance ? Croyez-moi, ce positionnement n’a AUCUN SENS ! Si vous relocalisez réellement votre vie ici, elle n’aura bientôt plus rien à voir avec celle d’avant, et celà se traduira aussi financièrement. Parce que irez moins souvent au ciné ou au restau, parce que les concerts coutent ici 8 euros voire sont à prix libre, parce qu’il est plus facile ici qu’ailleurs de porter des fringues glanées au secours pop’, parce qu’on peux récolter du bois dans la forêt pour allumer sa cheminée… Les exemples sont innombrables. Ici, si vous n’êtes pas fonctionnaire, il est probable que vous gagnerez moins qu’ailleurs, mais il est tout aussi certain que cela vous aurez des besoins moindres. Il suffit juste que vous fassiez la démarche intellectuelle de l’accepter.
Certains poussent d’ailleurs cette logique en choisissant la voie de l’autonomie. Au lieu de travailler plus pour gagner l’argent nécessaire à payer leur vie, ils consacrent tout ou partie leur temps à produire eux-même une plus grande part de ce dont ils ont besoin, autant que faire se peut. Ils plantent leurs légumes, ils construisent leur maison en matériaux locaux, ils passent plus de temps à récupérer, à réparer… ils vont aussi loin que possible dans la direction de la frugalité. C’est une démarche courageuse et difficile, mais certains y arrivent, parfois magnifiquement. A chacun de mettre le curseur là ou il le souhaite et le peut…
Tout est donc possible ici. Mais il vous faudra du temps pour que ça se mette en place. Vous devrez avoir de l’énergie, de l’envie, et pas une nature trop anxieuse et inquiète du lendemain. Il vous faudra aussi, et j’insiste beaucoup là-dessus, de la souplesse et de l’écoute. Que vous réimplantiez en Cévennes votre activité antérieure ou que vous créiez une nouvelle activité, n’arrivez pas avec un projet ficelé à l’avance, mais écoutez les besoins du territoire. Je ne prendrai qu’un exemple dans le domaine professionnel qui est le mien : si vous êtes musicien de jazz et que votre projet est de proposer des concerts de jazz en pleine Cévenne, vous allez certes faire un plaisir fou aux quelques amateurs du coin, mais cela ne suffira pas à vous faire vivre car la demande sur ce créneau précis est beaucoup trop faible. Soit vous devrez continuer à aller jouer dans des grandes villes lointaines, soit vous devrez élargir votre pratique pour proposer aussi des styles musicaux plus proches de ce qu’aiment les gens d’ici, soit vous devrez avoir d’autres activités rémunératrices en parallèle…
Cette période durant laquelle vous mettrez progressivement en place votre nouvelle vie peut durer. Il faudra avoir quelques sous de côté ou du chômage pour tenir dans l’intervalle, ou prendre un petit boulot, il n’en manque pas.
Bref, on peut s’en tirer, plus facilement qu’ailleurs certainement, mais pas de manière évidente, toute tracée, pas en claquant des doigts.
Récapitulons : en Cévennes il est difficile de se trouver un « chez soi ». En Cévennes, le travail salarié est rare, il faut souvent se créer son activité professionnelle, ou produire partiellement ce que l’on consomme. En Cévennes, le climat est rude et la vie matérielle compliquée. Pour venir vivre ici, il faudra trouver des solutions à chacun de ces problèmes. Cela ne va pas se faire en 5 minutes. Mais surtout, surtout : cela ne va pas se faire à distance. Personne ici ne peut rien pour vous et votre rêve si vous êtes ailleurs.
Si, après avoir lu ces lignes, vous êtes toujours partant.e, voilà donc ce que je peux vous conseiller :
Commencez par venir passer un long moment dans le coin, pour voir comment vous sentez les choses. Hors saison, il est très facile de se loger en louant bon marché un gîte pour quelques mois. Cherchez un petit boulot temporaire, ou essayez de bénéficier quelques temps d’une aide sociale, si elles ont une utilité c’est bien celle-là ! Surtout, restez pendant l’hiver : tant que vous n’aurez pas vécu cette saison vous ne connaîtrez pas vraiment la vie en Cévennes ! Pendant cette période, allez à la rencontre des gens qui vous entourent, cévenols, les néo-ruraux, les jeunes, les vieux, les voisins. Investissez-vous dans la vie locale, les associations, le comité des fêtes ou le foyer rural du village…
Si à la fin de votre période de test vous êtes toujours sûrs de vous, prolongez l’expérience. Lorsque vous commencerez à connaître des gens, lorsque le contact sera correctement établi, parlez-leur de vos projet, de votre recherche de lieu de vie. Sans espérer trouver tout de suite. Cela durera peut-être 2, 3, 5 ans. Mais un jour viendra ou, si vous avez vraiment fait l’effort de rencontrer le pays, il vous le rendra en vous apportant le lieu qui vous conviendra, le travail qui vous plaira…
Comment ? Je ne peux pas vous le dire car toutes les histoires d’installation sont ici singulières et différentes, il n’y a qu’à interroger les gens. Mais j’en suis certain.
Allez les ami.e.s, bon courage, et à bientôt peut-être. Tenez-moi au courant.
Marc
Merci Marc pour cet article très intéressant et percutant, pour tous les rêveurs et idéalistes, ont retombe bien sur ses guibolles. Pour ma part, une grand envie d’ailleurs, d’être plus proche du sauvage mais je sais très bien que c’est ardu. Pas simple de quitter son petit confort même si on fait un travail qui manque cruellement de sens. Changer de trajectoire, c’est un long processus.
Sandrine
Du bon sens, du bon sens ! Merci !
Le pays est tellement beau, à guérir de tous les maux, que l’on pourrait effectivement oublier les contraintes quotidiennes…
Mais quelque temps, en toute saison, quel bonheur !
Isabelle
Bonjour et merci pour texte « réaliste », récapitulatif et intéressant.
Nous sommes en Lozère, depuis environ 11 ans maintenant, mais du côté « simple », entre Mende et Millau.
Nous sommes arrivés ici, comme beaucoup, pour fuir les villes.
Enfant, je passais mon temps en forêt, quand je n’étais pas dans une cabane au fond de mon jardin avec les animaux (dans l’Aisne).
Quand vint le besoin et l’envie de faire des études, je me décidais à aller en ville, mais prenais le train dès que possible pour rejoindre la nature (parfois même, je quittais précipitamment les cours pour rejoindre la forêt la plus proche).
La nature, je ne peux m’en passer. Et pourtant, après m’être pliée à la vie urbaine quelques années, j’avais fini par développer des « réflexes » urbains.
Nous avons habité un temps dans une réserve naturelle dans le sud. Nous étions un peu isolés, mais les magasins (certes, à des kilomètres), étaient ouverts tard le soir… donc, au final, nous avions gardés un part de nos « conditionnements » urbains.
Arrivés en Lozère, ils nous a fallu réapprendre à faire des provisions ou se contenter des ingrédients qu’il restait dans les placards quand nous loupions l’heure des commerces.
L’hiver, boucherie et boulangeries ferment à 18h.
Ça a été difficile un temps, car, j’avais pris l’habitude, en ville, d’avoir accès, non seulement aux commerces alimentaires à des heures tardives, mais j’avais aussi pris goût aux ingrédients du monde entier. Ici, il est toujours simple de trouver carottes, poireaux et aligot (oui, pour les pommes de terre, c’est déjà un peu plus compliqué! C’est un peu l’ingrédient « magique » de la préparation, moins simple à trouver que l’aligot préparé, sauf si on en veut de piètre qualité). Pour les autres ingrédients, « c’est Alès ou Nîmes », m’avait-on dit à mon arrivée. De même pour les vêtements, par exemple. Finalement, comme nous n’étions pas installés ici pour retourner faire les courses en ville, nous avons appris à faire avec ce que nous avions. En complétant par un potager.
Après toutes ces années, j’aime toujours autant les paysages et apprécie la plupart des habitants, qui sont discrets et sympathiques. Certaines personnes, dans le village, n’ont fait que passer, se plaignant que les habitants ne leur ouvraient pas les bras à leur arrivée. Effectivement, il y a parfois des fantasmes ou attentes de la part des « arrivants ». Moi, j’apprécie, au contraire, cette sorte d’ authenticité et ce côté « non intrusif » des gens du pays.
Mais, parfois, je me dis que nous ne sommes pas du côté lozérien où nous devrions être.
Ici, au final, nous vivons un peu comme dans une petite ville (les antennes relais bombardent nos cerveaux et il est très compliqué de s’en préserver à l’heure actuelle), les maisons sont sur trois étages pour la plupart (étroites et sombres aussi), et le quotidien est réglé et répétitif comme si chacun devait prendre le train…
Nous nous posons souvent la question de nous « décaler », vers les Cévennes.
Floriane
Je cherche un coin convivial où il fait bon y être et même s’y c’est pas sur, c’est quand même peut être, avec mon chien, mes deux chats, mes seize poules, mes quatre coqs. Ce n’est pas un élevage, juste le plaisir que tout le monde est content. Un veuf retraité mais toujours l’envie de découvrir.Je pensais à la Cévennes, votre article intéressant m’a refroidi. Faut que je pense à mes bestiaux