Arête des Bosses, juillet 1983
– Allez, Marc, faut y aller !
Hein, quoi ? J’ouvre péniblement les yeux. Mal à la tête, envie de vomir… un froid terrible me saisit brutalement. Autour de moi, un ciel immense, une lumière blanche éblouissante, le vent.
Tout me revient. La nuit au refuge, le départ dans le noir, la montée si longue, si monotone, l’aube glaciale dans les pentes du Dôme. Et puis cette fatigue, si profonde. Les jambes qui tremblent. L’envie de tout abandonner : l’ascension, la vie… Affalé dans la neige je me suis endormi en quelques secondes, d’un sommeil vénéneux, plein de sensations douloureuses et de rêves effrayants.
– Laisse-moi me reposer encore un peu. Juste quelques minutes.
– Faut pas rester comme ça, il fait trop froid. Plus que quelques centaines de mètres, courage !
Je n’ai même plus la force de protester, j’obéis. Je me lève en chancelant et mets un pied devant l’autre. Des heures qui suivirent ne me restent que quelques sensations brouillées. Allongé au sommet, j’attends la mort en haletant. Pendant la redescente balbutiante, je pleurniche intérieurement pour que cela cesse enfin.
Une sorte d’enfer.
Le début d’une passion pour la vie.
C’est un fait, le mont Blanc monopolise plus de temps dans ma vie d’alpiniste amateur que n’importe quel autre massif. Et pourtant Dieu sait si je suis persuadé que toutes les montagnes sont belles et méritent d’être visitées ! J’ai vécu dans ce massif des tas d’aventures ordinaires et quelques autres moins banales. Je vous laisse les découvrir, mais sachez que si vous voulez vous installer un peu plus confortablement dans la lecture, j’ai publié en 2020 un vrai livre papier sur le sujet : « Sacré mont Blanc« . J’espère que vous aurez envie de l’acheter !
Bonne balade