Le sureau se présente sous la forme d’un arbuste de 2 à 5 mètres de haut, de forme générale plutôt en boule. On le trouve souvent dans les zones humanisées mais un peu délaissées : cours en friche, bords de rivière piétinés par les troupeaux, ruines… Pendant des années je n’ai pas su comprendre la valeur de cet arbuste : ses branches sont irrégulières, souvent cassées ou sèches, son écorce ressemble a du vieux papier mâché, son feuillage dispense une odeur peu engageante… Mais sous cette allure banale, le sureau cache des trésors.
Il produit un bois d’excellente qualité, très dense, de couleur très claire, qui fait un peu penser au buis. Sa densité en fait une matière très sonore : frappez deux bâtons l’un contre l’autre, vous aurez des claves de bonne qualité.
Les rameaux du sureau présentent une cavité longitudinale remplie d’une moelle blanche. Hypothèse personnelle : est-ce à cause de ce « défaut » que le sureau est si mal considéré ? Cette cavité empêche en effet de l’utiliser pour des tâches « nobles » comme l’ébénisterie. En tout cas, c’est précisément cette caractéristique qui en fait un arbre si intéressant du point de vue de la musique verte. Car il suffit d’enlever la moelle pour obtenir un tube creux aux qualités exceptionnelles.
J’ai cru remarquer que plus les rameaux sont jeunes, plus la cavité à moelle est large et plus les parois de bois sont fines. Les rameaux plus vieux ont tendance à reboucher leur cavité interne, et sont moins intéressants du point de vue de la musique verte, sauf pour fabriquer des percussions de type marimbas. Pour cette raison, je vous recommande de vérifier sur le terrain, lorque vous prélevez vos rameaux, de vérifier si la largeur du canal à moëlle est suffisante pour votre besoin. Sinon vous risquez de découvrir, en arrivant à la maison, que vous ne pouvez rien en faire !
Il est recommandé de couper des sections de branches entre deux zones de départ de branches secondaires, pour disposer d’un tube homogène, et souvent droit. Enlever la moelle se fait facilement grâce à un instrument long et rugueux : une lime « queue de rat », par exemple, mais par défaut un simple tournevis de diamètre adapté peut suffire. Attention pendant cette étape à ne pas forcer trop sur votre outil, cela fendrait irrémédiablement votre tube !
Une fois la moelle enlevée, faites vous le plaisir de gratter l’écorce. Vous obtiendrez ainsi de magnifiques tubes dont la taille peut varier de 5 à 30 centimètres de long, et l’épaisseur de 3 à 6 ou 7 mm. Les tubes longs et larges permettent de produire des kénas, ou de fabriquer le corps des hautbois, par exemple. Avec les tubes de dimensions plus petites on peut fabriquer des mirlitons.
L’écorce de sureau peut permettre de fabriquer des joints d’étancheïté entre deux tubes de diamètres différents qu’il faut faire s’emboiter (par exemple une anche de frêne et un tube de sureau, justement). Pour cela, découper des lamelles d’écorce bien souples, les enrouler autour du tube de diamètre inférieur, en quantité suffisante pour former un bouchon qui entre en légère pression dans le tube de diamètre inférieur.