Par nature, les instruments de musique verte ne se conservent pas longtemps. Une herbe coupée, une tige de pissenlit, cesseront de fonctionner en quelques secondes à quelques minutes car leur utilisation va irrémédiablement les détruire. A ma connaissance, il n’y a rien à faire.
Un sifflet de ou une anche de frêne dureront un peu plus longtemps : si vous les choyez (c’est à dire que vous soufflez par les bons endroits, que vous ne les croquez pas, que vous ne marchez pas dessus…), ils pourront fonctionner quelques heures, mais connaîtront eux aussi une fin relativement rapide. Ce n’est pas votre utilisation qui va avoir raison d’eux, c’est la sécheresse : l’écorce va se rétracter, puis fendre, et rien ne marchera plus.
On peut prolonger un peu leur vie en ralentissant le séchage : plongez-les dans un verre d’au lorsque vous ne les utilisez pas, vous pourrez (peut-être) les réutiliser quelques jours.
Les instruments fabriqués à partir de plantes à tubes creux (ombellifères, Renouée du Japon) connaissent encore un autre sort. Les tubes sèchent, eux aussi, et se rétractent, mais ils ne fendent que rarement. Certains deviennent tout mous et il n’y a plus rien à en tirer car ils ne sonnent plus. D’autres, comme ceux de la renoué, ou de la Cardère, évoluent vers un stade ou ils sont tout secs, avec un changement de couleur du vert au marron plus ou moins foncé, mais restent bien étanches et opérationnels pour sortir leurs notes. La transmutation se fait en quelques semaines à quelques mois. Il suffit alors juste de les réaccorder, et éventuellement de refaire les ligatures qui les relient s’ils étaient assemblés sous forme de flûtes de pan, et le tour est joué. Mais, encore plus malin : fabriquez directement vos flûtes avec des tubes secs : ils n’évolueront plus et vous pourrez en jouer pendant de nombreuses années !