Le causse Méjean, point culminant de la Terre à l'époque Protocambrienne
Le Parc National des Cévennes peut
s'enorgueillir d'héberger sur son territoire une attraction
naturelle unique au monde. Il s'agit, rien de moins, que le plus haut
sommet de la planète ! Le causse Méjean serait en effet le
relief résiduel d'un sommet très ancien (le « proto-Méjean »)
dont l'altitude aurait dépassé les 17000 mètres à la fin de sa
surrection, à l'ère protocambrienne (- 7 milliards d'année), ce
qui en fait non seulement, et de très loin, le point culminant –
toutes époques confondues - de la planète Terre, mais
également le second sommet du système solaire, après « Olympus
Mons », sur Mars, qui ne dépasse le proto-Méjean que de 4 petit millier de mètres.
Cette fabuleuse découverte a été
rendue possible grâce à l'observation de ML, habitant du hameau de
Saint Laurent de Trèves, juste en face du Causse Méjean. Depuis des
années, ML avait remarqué, lorsqu'un plafond nuageux se mettait en
place à une altitude légèrement inférieure à 1000 mètres,
masquant le sommet du plateau, que les versants du causse
disparaissant dans les nuages évoquaient la base d'une montagne très
élevée. Sans être géologue, ce cévenol passionné de
haute montagne, alpiniste lui-même, avait noté la similitude des
falaises du Méjean avec celles que l'on peut observer à la base de
certains des plus grands sommets du monde : Aconcagua (6900
mètres, frontière Argentine – Chili), Pic Podeba (7500 m,
Kirghizstan), et Lhotse (8600m, Népal). Armé de ces
observations, il réussit à persuader le Pr Asuncion, du labo de
paléophysique de Montpellier que le sujet était sérieux. Deux
étudiants en thèse furent aussitôt mis au travail pour confirmer
(ou non) cette hypothèse. Contre toute attente, il leur fut
relativement facile de prouver qu'un sommet très élevé avait
existé en cet endroit. En effet (et pour faire simple), lorsque les
calcaires dolomitiques, composants assez courants du causse Méjean,
sont soumis à une pression raréfiée, telle qu'elle se présente à
des altitudes stratosphériques, les échanges gazeux entre la roche
et l'atmosphère sont modifiés et les ions calcium du calcaire sont
transformés en calcium3, une variante qui n'existe pas normalement
dans la nature. Il a donc suffi aux deux thésards de faire le tour
du Causse Méjean pour chercher des roches présentant cette
particularité. Ils les ont trouvées au "pas de Souci", site bien connu des touristes qui visitent nos gorges du Tarn. Les deux célèbres roches dressées dans la
pente à cet endroit, nommées « Roc Aiguille » et
« Roquesourde » par la tradition populaire, ont révélé
des teneurs très fortes en calcium3, signant leur long séjour en
très haute altitude, et permettant du même coup de déterminer avec
précision l'altitude du Proto-méjean. Le chaos du pas de souci se
serait donc formé suite à un éboulement cataclysmique très
ancien. Il est troublant de constater que malgré l'ancienneté des
faits, la mémoire populaire en garde le souvenir, puisqu'elle
explique la géomorphologie de l'endroit par un combat titanesque
entre le diable et sainte Enimie.
Cinq ans avant l'aboutissement des
travaux du labo de paléogéologie, l'altitude du proto-Méjean avait
d'ailleurs été évaluée par ML avec une excellente précision. Utilisant une méthode graphique toute simple, il avait
simplement prolongé virtuellement les pentes des différents
versants du Méjean jusqu'à ce que que ces surfaces se croisent en
plein ciel... à 17000 mètres d'altitude. Une fois de plus la preuve
est faite que les savoirs et savoir-faire populaires permettent
souvent d'arriver aux mêmes résultats que les études scientifiques
les plus pointues. A méditer...
Suite à cette magnifique découverte,
les questions restent néanmoins nombreuses.
Il faudra en particulier déterminer
quels processus d'érosion ont pu raboter à ce point le monstre pour
ramener son altitude à celle, très modeste, que l'on connaît
aujourd'hui (le Causse Méjean culmine aujourd'hui au Mont Gargo, 1247 mètres) Trois autres étudiants du labo de paléogéologie
de Montpellier vont prochainement être mis au travail sur ce
problème. Mais Mr ML a déjà élaboré une hypothèse. Il estime que le
passage répété, des centaines de milliers d'années durant, des
troupeaux sauvages transhumants, renforcés dans les époques plus
récentes par les tribus néandertaliennes qui arpentaient la
montagne à la recherche de gibier, auraient pu aboutir à la forme
en plateau que l'on connaît. Science et savoir populaire vont elles
encore une fois faire converger leurs conclusions ?
Nous ne manquerons pas de vous tenir au
courant des avancées sur ces sujets passionnants.
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