La résistance et le maquis en Cévennes durant la seconde guerre mondiale
Dès janvier 43, la résistance Cévenole et Lozérienne s'organise à l'échelle de la
faible population locale. Les premières ébauches de Maquis se forment dans les basses
Cévennes, autour de l'Aigoual (Aire de côte) ... Ce sont dans un premier temps des
initiatives déconnectées les unes des autres, qui commencent à se coordonner dans
le milieu de l'année 43. C'est surtout à partir de fin 43 - début 44 que certains
maquis locaux grossissent et se "professionnalisent". Une école de maquis se met
en place quelques temps à la la soureilhade, commune d'Ardaillès dans les Cévennes gardoises... Mais il est difficile
de déterminer exactement si ces maquis ont joué un
très grand rôle dans le déroulement
de la guerre. Il semble que leur action ait surtout été efficace pour accélérer
le départ des allemands lorsque la débâcle a commencé.
La can de l'Hospitalet proprement dite n'a pas abrité de maquis. Il semblerait que
son relief peu accidenté et sa couverture végétale plus que ténue à l'époque n'aient pas été
propices à la discrétion nécessaire. Ses abords, par contre, ont été utilisés :
les versants raides et boisés de châtaigniers, les entaille de relief profondes
montant des vallées du Tamon, du gardon, de la Mimente et de leurs affluents, les
nombreux bâtiments dont certains déjà en ruine à l'époque... tout cela apportait
les conditions nécessaires à la clandestinité.
Suite à l'attaque allemande du maquis de la Soureilhade en mars 1944, les rescapés se
dispersent. Une partie rentrent chez eux. Ceux qui veulent continuer la lutte sont hébergés à Vébron, aidés par le maire Théophile Hugon et le pasteur François Chazel, le temps de se réorganiser. Au lieu de reconstituer un maquis important, ils préfèrent se constituer en petits
groupes séparés, moins vulnérables. Ce seront les trois "réduits" du Pont de Montvert, de Saint Julien d'Arpaon et de Vébron. "Les groupes de maquisards doivent attendre des ordres liés à l'annonce d'un débarquement des alliés avant de se retrouver pour combattre. Leur sobjectifs sotn alors d'assurer leur sécurité et leur survie matérielle dans la vie clandestine, de continuer leur formation miltaire, de obiliser (et d'instruire ussi) la jeunesse du pays. Ils ne doivent pas mettre en danger la population qui les entoureet au sein de laquelle se trouvent aussi de nombreux réfugiés juifs." (Olivier Poujol, cec 2013-1)
Voici comment Gérard Bouladou (mmc, p. 316) parle de la vie dans les réduits : "Le fut d'abord la vie communautaire d'une dizaine de camarades soudés
par une fraternité qui n'a existé qu'au maquis. Le cadre de la bergerie ou masure, perdue
dans la montagne, est d'une rusticité spartiate. Dans un coin, un lit de fougères
où l'on s'étend côte à côte, dans le coin opposé, le foyer dont la fumée s'échappe
comme elle peut et qui sert à la fois de cuisine; de chauffage et d'éclairage.L'autre aspect du réduit, c'est le travail qui s'y fait: instruction de jeunes recrues
en courtes sessions, départ pour des coups le matin, en un mot, préparation du grand
rassemblement du jour J, qui ne pourra se faire qu'autour de noyaux aguerris physiquement
et moralement."
Le réduit de Vébron
L'un de ces groupes a constitué le "réduit de Vébron", rassemblé autour de Jacques
Poujol. Il fut composé de deux catégories de jeunes :
- le petit groupe des anciens qui, pendant quatre mois, vécurent en plein air de masure
en masure, complètement éloignés de la vie normale,
- le groupe, plus important, des garçons de la région qui, formés et encadrés par
les " anciens ", n'en restèrent pas moins, la plupart du temps, dans les familles.
Les anciens furent, en permanence sept ou huit à peine. C'étaient : Jacques, "Tarragone", (jusqu'à son départ pour "Bir Hakeim", Vagny), Titi, Louis-Ie-Cuistot, Cacou, Ramuntcho,
Dédé et Bichon.
Cette petite équipe eut six domiciles successifs, dans un rayon qui ne fut jamais
supérieur à 7 km autour de Vébron, et qui furent presque tous situés sur le pourtour
immédiat de la can de l'Hospitalet. Ce vagabondage qui consistait à ne ne pas rester
plus de quinze jours ou trois semaines au même endroit, était inspiré par un souci
de prudence. Il eut pour conséquence indirecte de faire croire aux gens du pays
que nous étions beaucoup plus nombreux qu'en réalité. Chaque résidence fut baptisée
d'un nom poétique. Voici la liste dans l'ordre chronologique, des domiciles successifs
: la Providence, le Paradis perdu, bidon IV, le Boxon fleuri (hameau du Viala),
le Rancho (près de Fraissinet), le Val des soupirs.
Le local le plus exigu fut le Paradis perdu. C'était une simple « claie à châtaigne
", c'est-à-dire une cabane de 3 mètres sur 4, formée de murs de schistes, d'un toit
d'ardoise et d'un plancher à claire voie séparant le rez-de-chaussée du premier
étage. Le dit plancher était si bas qu'on ne pouvait vivre dessous que courbé. Autre
désagrément : le foyer sur lequel en bas on faisait la cuisine enfumait totalement
le premier étage transformé en dortoir. Nous avons vécu à huit dans cette baraque
pendant près d'un mois, du 15 mars au 17 avril environ, jusqu'au moment où la curiosité
des gendarmes nous incita à aller ailleurs.
Après le jour J, les hommes du "réduit" de Vébron se partagèrent en deux groupes.
Le premier sous la direction de Jacques partit le 24 juin pour le plateau de Luc,
près du Vigan où il devait réceptionner un parachutage (qui n'arriva d'ailleurs
jamais). Le deuxième groupe, d'une quinzaine de jeunes, partit le 17 juin guidé
par Bichon, pour le P.C. du "Patron" au Cros (au "Tison Rouge" abandonné en février).
C'est au Cros, entre ArdaiIlès et Valleraugue, que se rassemblèrent aussi les réduits de Pont-de-Montvert et de Saint-Julien-d'Arpaon.
La certitude de parachutages imminents sur le massif de l'Aigoual décida les chefs
d'Ardaillès et de Lasalle à précipiter la fusion des deux maquis qui, après un plan
préétabli devait avoir lieu à l'Espérou. (mi-juillet).
Le réduit de Vébron semble avoir fait une sorte de "tour de la can de l'Hospitalet"
: ses localisation successives sont situées sur ses pentes ou à peu de distance,
surtout sur le flanc ouest... Ce sont, dans l'ordre chronologique :
-
La Providence. A l'extrémité orientale de la commune de Vébron se trouve, sous la Can de I'Hospitalet,
entre deux agglomérations formant le hameau de Solpérières à 900 m d'altitude, sur
la piste menant au col du même nom (cote 1010), où elle atteint la D. 9 qui va du
Pompidou à florac. Ce réduit se trouve à 1,2 km à l'ouest du col de Faysses et est
blotti contre la falaise du causse, 120 m plus bas que le plateau.
-
Le Paradis perdu. C'est le Rouve Fourcat (alt. 835 m) à 900 m au N-N-E du précédent et 1,2 km au S-E
du Rey, dans la commune de Saint-Laurent-deTrèves, village situé à 2 km au N-N-O
du réduit. Baraque sur les pentes boisées, sous le causse de la Can de l'Hospitalet
également, et 200 m plus bas que lui, à 250 m (et 80 m plus haut) du ruisseau de
Pommaret.
-
Bidon IV. Ce réduit n'est pas situé aux abords de la can de l'Hospitalet, mais dans la partie
basse du hameau de Viala (alt. 750 m) sous le causse Méjean (à l'extrémité duquel
s'élève aujourd'hui, à 1045 m d'altitude, le relais de télévision), au cinquième
environ de la pente qui monte du ruisseau de Fraissinet vers le plateau, tantôt
boisé, tantôt dégagé. Il est à 1,5 km des Vanels et à 2 km N-E de Fraissinet-de-Fourques
(commune à laquelle il appartient) et à 250 m du fond de la vallée et de la N. 596
qu'il domine de 70 m. Le hameau caussenard de Villeneuve est à 1,8 km au N-O.
-
Le Boxon fleuri. Dans la même commune, mais au sud de la rivière et de la route nationale, se trouve,
sur la pente bien face, à 800 m au sud du précédent (à vol d'oiseau). A 1,5 km E-N-E
de Fraissinet-de-Fourques, à 1,5 km au S-O des Vanels, il se situe à 825 m d'altitude
(l'abréviation "Cne" est indiquée sur la carte avec cette cote) sur une pente boisée
tournée vers le nord qui tombe de 1000 à 675 m sur 2000 mètres. Dominant la route
nationale et la rivière de 150 m, il est à moins de 200 m du val de Tioulet qui
les rejoint (plus à l'est) et éloigné de toute piste. Sur le plateau, au S-S-O,
le hameau de Montcamp (à 927 m) est à 1 km du réduit.
-
Le Rancho. Qui servit à un échelon modeste de centre d'instruction en mai 1944 est encore plus
méridional et proche du col de Peyrérol (981 m) : « ruines» indiquées par la carte
à 200 m au S-O de celui-ci, toutes proches de la naissance du Valat de Roubière
qui, parti des limites du canton, descend vers le village de Fraissinet-de-Fourques
au N-O. Le Rancho est à 1,750 km de ce centre et à l'extrémité de cette commune,
en lisière supérieure de la forêt, à 900 m d'altitude et une centaine de mètres
au-dessous des formes adoucies et dépouillées qui culminent à 700 m de là, plus
au sud-est à 1080 m (Serre de Combe-Calde) et séparent les Rousses, dans la vallée
du Tamon, de la vallée affluente de Fraissinet.
-
Le Val des soupirs. A 750 m se situe une clairière au flanc d'une crête secondaire (907 m). Il est au-dessus
du Valat de Baumale (à 680 m d'altitude) qui apporte l'eau sortie au pied du causse
de la can de l'Hospitalet vers le Tamon avant son passage aux Vanels. Le réduit (lieu indiqué
« ruines ») est à 1,650 km au S-E de ce hameau; il se situe à 850 m au N-E de celui
de Camac et à une distance double du village des Rousse. A 1 km à l'est, au fond
de ce vallon, se trouve la grotte de baume Dolente
que les maquisards ont utilisé comme stand d'entraînement au tir.
Le réduit de Saint Julien d'ArpaonIl connut lui aussi une certaine itinérance autour de la rivière Briançon, qui sépare la can calcaire du massif schisteux de l'Oumenet. Il s'installa tout d'abord au Bartas (petit hameau suspendu sur la rive droite du Briançon), puis il franchit la rivière pour Peyrastre, un hameau aujourd'hui en ruine sur le flanc est de la can, et enfin il redescendit vers la rivière jusqu'à l'Aubaret, belle ferme toujours en bon état. Gérard Bouadou, (dans
mmc, p. 316) localise comme ceci un réduit dans la vallée du Briançon : "L'Ecrin. Suspendu au-dessus du vallon du ruisseau de Briançon qui se jette (cote 602) dans
la Mimente en face de la gare de Saint-Julien-d' Arpaon. Le réduit se trouve à 500
m à l'ouest et 200 m au-dessus du ruisseau entre l'Aubaret (alt. 740 m) au nord
et Peyrastre (ruines à 898 m) au sud, près du Mas Vieil. De Peyrastre, on peut,
au sud-ouest, atteindre la ferme de Ferrières et vers le S-S-E, à 4,5 km, Barre-des-Cévennes.
Les pentes inférieures sont boisées, le plateau (800-1060 m) dénudé. Par le sud
arrive un chemin d'exploitation jusqu'au Mas Vieil." A ce jour je n'ai pas trouvé d'autres références à ce réduit, qui semble tellement proche des localisations de Peyrastre et du Mas Vieil, qu'il pourrait s'agir du même. A élucider.... Le réduit du Pont de Montvert
Gérard bouladou le localise comme ceci : "Les Hurlevents. Ce réduit se trouve à 1010 m d'altitude, au sud de la rivière Tam, qui coule à 500
m de là et 250 m plus bas, entre le village de pont-de-Montvert, chef-Iieu de canton
et le hameau de Grizac. Il est à 2,750 km au s-s-o du premier et à 1,5 km au N-E
du second, à 1,1 km à l'E-N-E du hameau de L 'Hermet, à 1,5 km à l'est de celui
du Villaret. Venant du sud, on laisse la piste qui sort des forêts du Bougès (et
unit la D. 20 à ce demier hameau) près d'un menhir, la Pierre Plantée, et on se
dirige vers le nord sur une distance de 800 m. Le point culminant du Bougès (1421
m) se trouve, au S-S-E à 4 km de la bergerie baptisée Hurlevent. En le descendant
sur ses flancs septentrionaux, on traverse d'abord sur une épaisseur de 2000 m des
forêts (bois d'Altefage, bois de Grizac), entre 1400 et 1100 m puis, jusqu'au Tam,
l'arbre disparaît sur deux autres kilomètres, entre 1100 et 750 m d'altitude. Le
point noir indiqué sur la carte entre le ruisseau de l'Hermet et le ruisseau de
la Périgouse, se situe à l'endroit où, après 1,5 km de marche sur un plateau (1100-1000
m), on va descendre plus brusquement vers le lit du Tarn (aucun lieu habité à moins
d'un kilomètre)" Cette description me semble correspondre à celle d'une très belle bergerie de pierre que l'on peut toujours voir près de l'Hermet (voir photo).
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