Les fours à chaux artisanaux sur la can de l'Hospitalet
Pour fabriquer les matériaux de construction dont ils avaient besoin, les hommes étaient d'autrefois étaient beaucoup plus pragmatiques qu'aujourd'hui : ils avaient compris qu'il valait mieux les produire sur place, directement sur le lieu où l'on en avait besoin, plutôt qu'aller les chercher dans des grosses usines très loin - quand elles existaient, ce qui est réçent). C'est ainsi que sur la can de l'Hospitalet sont nés un peu partout des fours à chaux artisanaux, qui pour la plupart ne servaient qu'une seule fois, pour produire la chaux nécessaire à un chantier précis.
Ils sont tous bâtis sur le même principe : une forme de pierre ronde, de dimensions très variables (2 à 5 mètres de diamètre, pour ceux que j'ai vus), qui délimite un espace central d'une profondeur elle aussi variable (1 à 2 mètres). Pour produire la chaux, il fallait empiler là-dedans alternativement du bois, du calcaire, du bois, du calcaire... allumer le tout et attendre la fin de la combustion, qui prenait plusieurs jours. Pour que la réaction chimique se fasse il fallait que la température monte à plus de 800 degrés.
On peut cependant trouver des fours à chaux artisanaux d'un gabarit plus important, destinés à servir plusieurs fois. Leur construction etait également plus soignée. Les pierres abimées par la chaleur devaient être changées entre les fournées, ou la paroi devati être de temps à autres renforcée d'une couche supplémentaire.
Quelque soit leur taille, ces fours artisanaux n'avaient pas grand chose à voir donc avec les gros fours à chaux industriels, conçus pour fonctionner au charbon. Ceux-là étaient construits en pierre taillée maçonnée, et mesuraient parfois plusieurs dizaines de mètres de haut et de large. Leur conception permettaient d'obtenir une production continue de chaux grâce à des systèmes de défournage par le bas, tandis que l'enfournage se fait par le haut
Le choix des emplacements de fours devait probablement résulter d'un calcul faisant intervenir plusieurs paramètres. Ils devaient en particulier être placés à proximité de sources importantes de combustible et de matières premières... tout en n'étant si posible pas trop loin des zones d'acheminement de la chaux. Sur la can de l'Hospitalet, la plupart des fours que je connais sont disposés soit en bordure de plateau (peut-être parce que les pentes étaient les dernières zones à rester boisées ?), soit sur les replats de mi-pente (proximité des bâtisses à construire ?).
Il est intéressant de noter qu'on ne rencontre pas de fours à chaux sur le Causse Méjean, juste de l'autre côté de la vallée du Tarnon par rapport à la can. Camille Hugues interprèce ce fait comme résultant d'un déboisement beaucoup plus précoce des causses qui n'aurait pas permis de récolter le bois nécessaire aux fournées.
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