Les limonites et les nodules ferreux de la can de l'Hospitalet
Les sols calcaires de la can de l'Hospitalet sont relativement riches en fer. Ce
fait est connu depuis très longtemps puisqu'on trouve, en de nombreux endroits du plateau, des vestiges de bas-fourneaux ayant servi à produire du fer durant la période
que l'on a précisément appelée "âge du fer", à partir du 1er millénaire avant Jésus
Christ.
Les calcaires de la can, lors de leur formation, ont par endroit
été plus ou moins
chargés en fer. Celui-ci est parfois resté dispersé, donnant
alors une coloration
rouge à la roche (les calcaires rubéfiés). Mais il s'est parfois
rassemblé en "nodules",
sortes d'agglomérats d'une taille comprise entre quelques
millimètres et quelques
centimètres de diamètre, dont l'aspect est très différent de
celui
des autres roches. Ils sont plutôt arrondis, de surface lisses,
couleurs oscillant entre marron, noir et rouille. Ils pèsent très lourd
dans la main, témoin de leur richesse en minerai. Leur aspect fait
souvent penser à des météorites.
Ces nodules peuvent s'être formés à deux époques et selon
deux processus chimiques relativement différents :
Formation en milieu anoxique pendant la diagenèse
La diagenèse est le processus de formation de la roche. Les calcaires de
la can se sont pour l'essentiel formés durant le jurassique, c'est à dire entre
- 200 et -130 millions d'années.
Durant la diagenèse des calcaires, les débris calcaires provenant des squelettes
des animaux aquatiques s'accumulent au fond de l'eau et restent très longtemps sous
forme d'une sorte de boue très dense, que l'oxygène de l'air ne peut pas pénétrer.
Il peut s'écouler des centaines de milliers d'années avant que cette boue ne se
solidifie totalement et ne prenne son allure de roche, grâce à la pression, à l'évacuation
de l'eau, et à diverses réactions chimiques. Tant que la roche n'est pas totalement
formée, le fer dispersé dans le sédiment peut migrer et se regrouper en nodules.
Etant maintenu à l'abri de l'air il ne peut se combiner avec de l'oxygène.
Lorsqu'il existe du souffre, issu des débris de matière organique, le fer se combine
avec, ce qui conduit donc à la formation de nodules de sulfures de fer, comme la
Pyrite (FeS2), ou la Marcassite. On trouve ces nodules
dans les argiles ou les marnes bleues, d'origine plus ancienne que les calcaires
de la can (carbonifère). Ce sont donc des
formes inexistantes sur la can.
Formation en milieu oxydant durant la pédogénèse
La pédogenèse est le processus de formation des sols, c'est à dire de la
couche mi minérale mi organique qui recouvre la roche. La formation d'un sol est
un processus complexe et permanent : la roche sous-jacente se dégrade (sous l'effet
des différents types d'érosions), les végétaux morts et les animaux apportent de
la matière organique, le tout se mélange et forme le sol. Pour compliquer la chose,
il peut y avoir apport d'éléments organiques et minéraux extérieurs, par des rivières,
le vent...
Sur les territoires qui nous intéressent, la pédogénèse a été très active à la fin
du tertiaire. A cette époque, le climat chaud et humide (proche du climat tropical
actuel) a favorisé une forte érosion, avec production d'argiles et de sables qui
provenaient soit de la roche sous-jacente, soit étaient apportés par les paléo rivières.
En certains endroits on a assisté à une pédogenèse latéritique, avec formation de
croutes de fer oxydé. En d'autres endroits, le fer contenu dans les sédiments a
migré et s'est rassemblé en nodules du même aspect extérieur que ceux qui se forment
durant la diagenèse.
Mais leur composition chimique est nettement différente car
ils se créent dans des conditions oxydantes : les sols sont en effet, dans leur
grande majorité, perméables à l'air, et permettent au fer de se combiner avec l'oxygène
pour donner ce qu'on appelle des fers ferreux (avec un peu d'oxygène) ou du fer
ferrique (avec beaucoup d'oxygène).
Sur la can de l'Hospitalet, la grande majorité des nodules sont constitués de fer
ferrique (formule Fe2O3),
et tout particulièrement sous la forme de limonites. On en trouve en de très nombreux
endroits. Depuis quelques années je glane des nodules
(j'en ai une dizaine de kilos), dans l'espoir de fabriquer un jour du
fer pur dans un bas fourneau. C'est un processus technique, long et
difficile, pour lequel je n'ai absolument pas les compétences, mais si
un spécialiste lit ces lignes et accepte de venir m'aider j'en serai
ravi. Les veines de ferA noter que dans les calcaires de la can on trouve aussi des veines de fer.
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