Les premières transhumances
Le descriptif de l'origine des transhumances modernes présenté ci-dessous n'est qu'une hypothèse parmi d'autres. Certains scientifiques estiments que la transhumance serait une pratique ne datant pas d'avant l'époque médiévale.
A l'origine, au proche-orient
Vers -10.000 ans ou un peu plus récemment, voilà la situation supposée : dans les zones à tendance aride du pied de certains massifs montagneux (en particulier autour du bassin méditerranéen), des herbivores sauvages (concentrons nous ici sur les ovidés) ont pris l'habitude d'effectuer des migrations saisonnières pour aller chercher des herbages mieux fournis durant la saison sèche.
Comment peut-on imaginer que s'est faite la "passation" de la pratique de la migration saisonnière entre ces herbivores sauvages et les animaux domestiques actuels ? Il est plausible d'imaginer que lorsque l'homme a domestiqué le mouton sauvage, au proche orient, vers le VIIème millénaire, celui-ci pratiquait déjà la migration saisonnière car le dernier épisode glaciaire était déjà lointain et le climat prenait progressivement son fonctionnement actuel. Si tel était le cas, l'homme devait avoir remarqué le cycle de migration des animaux avant même d'essayer de les domestiquer. Qu'a t-il fait lorsque les premiers animaux apprivoisés ont manifesté, le moment venue, l'envie de suivre les hordes encore sauvages ? A-t-il essayé de les garder auprès de lui en les nourrissant ? Les a-t-il laissés partir ? Ou... les a-t-il naturellement suivis, sentant qu'aller à l'encontre de leur comportement naturel serait une erreur ? Pour l'homme lui-même, respecter cette exigence était intéressant, car cela garantissait des animaux en meilleure forme, aptes à fournir une viande plus abondante et riche...
Ainsi l'homme a-t-il probablement suivi la migration saisonnière des moutons sauvages puis, en parallèle à la domestication, a progressivement appris à l'accompagner, et enfin à l'organiser et à la diriger... ne faisant qu'aménager et améliorer des itinéraires déjà tracés.
En Languedoc
Pour ce que j'en sais à ce jour, le mouton sauvage n'a jamais vécu dans les plaines du Languedoc. Le mouton qu'y a apporté l'homme aux alentours du VIIème millénaire arrivait du proche orient, et était probablement déjà domestiqué. Sur place vivaient par contre à cette époque des ovins sauvages, comme le mouflon, qui pratiquaient sans doute une migration saisonnière. Comment s'est passée la confrontation entre les ovins sauvages et les moutons domestiques, en particulier concernant les migrations saisonnières et la transhumance ?
Comment le mouton domestique a-t-il réappris la transhumance sur ces nouveaux territoires, en l'occurrence les montagnes du massif central et des Alpes du sud. Sont-ce les pasteurs qui, connaissant le principe de la transhumance, ont d'eux-même emmené les moutons vers les montagnes, traçant de nouveaux chemins ? Ou les moutons domestiques ont-ils naturellement suivi les ovins sauvages dans leur migration saisonnière, et selon leurs itinéraires ancestraux, les hommes étant, une fois de plus, relégués au rôle de suiveurs ?
Même si en l'état actuel des recherches rien n'atteste de l'existence d'une transhumance jusqu'à l'âge du bronze, on peut imaginer que, comme au proche orient, le principe de transhumance s'est remis en place. Année après année, l'homme a amélioré les itinéraires, écartant les pierres, construisant des murettes, signalant les carrefours... I
Les premières drailles
En Languedoc, les chemins de transhumance ont été appelés des drailles, de dralhas en roman, mot qui vient peut-être du celte... Mais le sens réel du mot est obscur : pour Pierre Coste (1987), une draille en provençal est un sentier creux et étroit ou un cheminement en pente en gradins que les troupeaux finissent par créer sur les pentes des pâturages. Pierre Clément, en 1983, signale qu'au moyen-âge, la draille a souvent servi à désigner n'importe quelle sorte de chemin...
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