Can de Tardonnenche
Tardonnenche... "Tard dans la nuit", aime-t-on à traduire ce nom en occitan quand
comme moi on ne le parle pas. Tardonnenche, c'est à la fois le nom d'une "can",
un petit plateau calcaire relié au plus vaste ensemble de la "Can de l'Hospitalet",
et un hameau, haut perché sur le flanc sur de la can, qui appartient à la
commune de Florac. Pauvre Florac, au coeur de l'hiver elle plonge dans l'ombre dès 3 heures
de l'après-midi alors que
là haut Tardonnenche, "Tardo", est encore éclairée pour
longtemps... D'où cette traduction, rien moins qu'inexacte d'après les spécialistes
et les gens du cru. Mais ce n'est pas grave, on continuera à croire que Tardo c'est
le village ou il fait soleil tard dans la nuit...
La situation de la can de Tardonnenche est paradoxale : de ses prairies on y surplombe
directement les premiers quartiers de Florac, la grande capitale du sud du département,
qui étale à nos pieds ses fabuleux 1600 habitants. La can devrait donc être un endroit fréquenté, le dernier lieu à la mode pour les promenades du Dimanche des Floracois...
et pourtant il n'en est rien, car aucune voie de communication directe ne la relie
à la vallée. Pour y monter depuis la sous-préfecture, il faut faire un très large
détour par Saint Laurent de Trèves et le col du Rey, à plus de 10 kilomètres au
sud, puis revenir vers le nord par une route minuscule puis une piste -interdite
à la circulation car en zone coeur du Parc National des Cévennes. 20 kilomètres
pour en faire un...
La can de tardonnenche reste donc vide...
C'est pourtant un lieu magnifique et diversifié. Les prairies du plateau sommital sont parmi les plus grandes et les plus belles de l'ensemble des cans. Une assemblée protestante célèbre y a eu lieu durant la période du Désert, dans une dolline cachée aux regards. Le versant nord-est du plateau, qui donne sur la vallée de la Mimente, est plein de trésors : la baume de Giral, les nombreuses cazelles, les traces de dinosaure du ravin de Fontanilles, l'aven de Ventajols...
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