La logistique

Par « logistique » j’entends tout ce qui concerne les aspects matériels de la balade. Elle tient un rôle particulièrement important pour un raid de plusieurs jours, car il faut arriver à emmener tout ce qui est nécessaire (la tente et la nourriture pour plusieurs jours constituent les deux principaux postes)… tout en restant pas trop lourds.

Etre bien équipé et bien nourri sera un énorme plus pour le bon déroulement, l’ambiance, la sécurité, etc… L’organisateur du raid devra porter une attention particulière à ces aspects et y consacrer pas mal de temps pour que tout soit OK.

Un bon conseil : lancez les opérations de préparation plusieurs semaines avant le raid : envoyez à chaque participant une liste du matériel individuel et collectif à rassembler. Demandez à chacun de trouver de son côté ce qu’il peut, et faites le point de temps à autres pour voir ce qui manque.

Achetez ou faites acheter à chacun le maximum de ce qui manque sur vos lieux de vie habituels, c’est généralement beaucoup moins cher qu’au pied même de la montagne.

Donnez-vous rendez-vous sur place une journée avant le départ, pour faire un dernier point et acheter les derniers trucs qui manquent. Il est possible de louer pas mal de choses, si les personnes n’ont pas l’intention de pratiquer régulièrement et si le raid n’excède pas une semaine c’est une solution financièrement intéressante, sinon il vaut mieux investir.

Au moment de faire les sacs, vous devrez inévitablement faire un dernier tour pour voir si personne n’a rien oublié, et si surtout il n’y a pas de superflu dans les sacs, ce qui est dans la plupart des cas le premier problème de quelqu’un qui n’a jamais été en haute montagne.

Chaque rubrique ci-dessous détaille un aspect particulier, et la liste de matériel récapitule en un seul document (format excel) ce qui peut être utile.

Le matériel de progression

Le sac à dos

Pour un raid en itinérance, il faut porter 20 à 30 kilos, il faut un sac qui soit à la fois vaste (il faut au minimum 60 l pour tout mettre) et confortable (pour ne pas faire trop mal aux épaules et au dos à la longue). A chacun de faire ses essais.

La corde

Emporter un rappel est une bonne sécurité en montagne, mais c’est vraiment très lourd. Je préfère la solution, lorsque l’on est à deux cordées, d’emmener deux fines cordes (7 mm x 25 m), largement suffisantes pour une progression sur glacier ou en terrain montagne, qui peuvent être attachées ensemble pour reconstituer un petit rappel si besoin. On gagne pas mal de kilos, et je n’ai jamais eu de problèmes jusqu’à aujourd’hui.

Le reste

C’est le matériel ordinaire du terrain montagne : piolet, crampons, un baudrier-sangle (c’est plus léger) complet (éviter les baudriers d’escalade, en cas de chute le poids du sac à dos fait passer cul par dessus tête)

Ajouter à la liste ordinaire :

  • une sangle et deux mousquetons par personne, qui permettent d’attacher le sac à dos au baudrier, et de l’enlever sans le perdre à jamais en cas de chute dans une crevasse.
  • Deux cordelettes et deux mousquetons pour les premier et dernier de cordée (permettent de confectionner les  mouflages ou les étriers pour sortir d’une crevasse…

Pour plus de précision sur l’utilisation de ce matériel, voir l’encordement, et tout ce qui concerne la chute en crevasse.

La pharmacie

J’ai longtemps fait sans pharmacie, ce qui était vraiment débile. Puis j’ai commencé à y réfléchir de manière plus sérieuse. Aujourd’hui je pense avoir défini une bonne base de trousse à pharmacie, qui mer permet de remédier à la plupart des situations auxquelles je suis confronté. Ceci dit, je ne suis pas certain que vous pourrez réexploiter intégralement ce qui suit : c’est incroyable ce que la composition d’une telle trousse est quelque chose de finalement très personnel : chacun a ses petits problèmes à lui, chacun se soigne à sa manière… mais ça sera au moins une base de travail pour établir la vôtre…

Grosso-modo je classe les types de situation nécessitant une intervention en 4 catégories, et j’essaie de mettre en face quelques produits susceptibles au mieux de régler totalement le problème, au moins de pouvoir attendre l’arrivée de secours ou la redescente dans la vallée. Je ne détaillerai pas ici le contenu de produits adaptés à chaque catégorie de situation car vous retrouverez dans la liste de matériel un descriptif détaillé de tous les produits que j’emporte.

Les blessures

Ce sont tous les problèmes liés à un choc : coupure, hématome, membre brisé, etc… Elles nécessitent tout une panoplie de produits et de consommables (crèmes, désinfectants, pansements, sutures, bandes, attelles, etc…) qui servent tous les jours.

Ci-contre, une illustration du problème médical n°1 de l’alpiniste !

Les problèmes liés au soleil

Là il faut à la fois se préoccuper de prévention (stick à lèvre, crème solaire) et de réparation (crèmes apaisantes, tulles, etc…)

Les problèmes liés à l’altitude

Le mal de l’altitude est un problème complexe tant par ses causes que par la manière de le traiter (voir à ce sujet « L’altitude et ses effets« ). On peut traiter séparément le mal de tête (par la prise d’antalgiques) et la nausée (par des anti-nausée). Quelques produits ont des effets plus généraux.

Les problèmes musculaires en tendineux

Ce sont essentiellement les courbatures, les tendinites…

Les problèmes stomacaux et gastriques

Une semaine à boire de l’eau de neige peut générer ce genre de problème. Il faut prévoir toute une gamme de produits, depuis le plus simple (pansement gastrique à l’argile) jusqu’aux plus évolués (désinfectant intestinal, anti-diarrhée, anti-nausée…).

Les problèmes de « moral »

Il peut arriver à n’importe quel membre de la troupe d’avoir une baisse de moral, des angoisses. Personnellement j’emporte un anxiolytique léger, qui sert rarement mais se révèle parfois une vraie bénédiction.

La boisson

La boisson est évidemment une préoccupation importante en altitude ou l’eau liquide est rarement présente.  Je pense qu’en haute montagne, soumis à un effort régulier, avec l’influence de l’altitude, etc… le corps humain approche de ses besoins maximum en eau. J’ai souvent constaté que la soif reste peu sensible en début de journée (si l’on a pris garde à bien boire au petit dej’), mais qu’elle se réveille violemment une fois le camp installé. Il faut alors boire des litres et des litres pour avoir enfin la sensation que le corps est satisfait. La soif revient pourtant souvent au cours de la nuit.

Je pense qu’en moyenne il faut boire 3 à 4 litres d’eau par jour au minimum, sous une forme ou une autre (soupe, eau, thé…). Cela représente au final des quantités considérables (par exemple 60 litres pour 5 jours pour 4 personnes). Il n’est donc pas question d’emporter depuis la vallée toute l’eau dont vous aurez besoin. L’alimentation principale en eau provient de deux sources principales :

  • Les rivières et flaques d’eau, que l’on ne trouve qu’en basse altitude.
  • la neige, que l’on fait fondre au réchaud. Inutile d’essayer des procédés artisanaux tels que : « je mets de la neige dans une gourde, je mets la gourde au soleil ou contre moi… « , ils ne produisent que des quantités infimes d’eau, très inférieures à ce qui est vital…
  • les ruissellements de fonte que l’on trouve sur les roches dès que la température s’élève un peu.

Faire fondre de la neige prend du temps et consomme du gaz. Disons que la production d’1 litre d’eau froide prend de l’ordre de 1/2 heure. Il faut vous donc vous attendre à faire « tourner » les réchauds 3 ou 4 heures par jour rien que pour la production d’eau. L’eau représente l’utilisation largement majoritaire de vos cartouches de gaz. Pour cette raison, je considère le gaz comme l’élément de survie n°1? S’il y a une chose sur laquelle il ne faut pas lésiner, c’est là-dessus. Avec une recharge de bleuet, vous pouvez faire boire chaud 4 personnes pendant 2 jours, ça vaut la peine d’en prendre une de rab’ pour au cas où.

Vu la difficulté de faire fondre la neige au réchaud, il est donc conseillé de remplir les bouteilles aux ruissellements de fonte dès que vous en croisez, cela peut justifier un détour… Mais cela ne sera pas toujours possible, soit que vous soyez sur un itinéraire sans roche apparente, soit que la température fige toute eau liquide.

Il faut donc anticiper l’après midi et le soir au campement : faire boire tout le monde jusqu’à plus soif, faire fondre de la neige pour remplir toutes les bouteilles disponibles, ne pas lésiner sur les tournées de thé le matin au petit dej en n’utilisant pas pour ça les bouteilles remplies la veille mais en refaisant fondre de la neige.

En principe la neige fraîche donne de l’eau parfaitement pure avec laquelle il n’y a pas de problèmes de santé, hormis le fait qu’elle est totalement déminéralisée. Il faut donc éviter d’en boire trop sans additif (elle n’est d’ailleurs pas très appétissante au goût), y rajouter chaque fois que possible du thé, un sachet de sels minéraux spéciaux, un sucre… vous la rendra plus agréable et plus saine.

Evitez par contre la vieille neige, ou la glace de surface des glaciers. En général elle est chargée d’impuretés, de fins débris minéraux, voire de bactéries… qui peuvent la rendre impropre à la consommation et générer des diarrhées ou des gastro de manière fulgurante. Rien de plus désagréable lorsque l’on est confinés dans une tente et qu’il fait -15°C dehors avec des vents qui soufflent à 80 km/h et vous gèlent les fesses et le reste en 20 secondes. Il existe cependant des pastilles d’hydrochlonazone qui permettent de consommer à peu près n’importe quoi moyennant une heure d’attente pour que la désinfection se fasse.

Evitez enfin de boire trop d’eau froide, qui finit par faire mal au ventre et qui, curieusement, désaltère moins que du thé chaud.

Et l’alcool ? Il est établi depuis belle lurette que l’alcool n’a pas de vertus réchauffantes. Il favorise la vasodilatation et donc la déperdition de chaleur. La sensation momentanée de chaleur qui se fait sentir dans l’oesophage ne correspond pas à une réalité physiologique.

Pas la peine de chercher de raisons objectives, donc. Autant avouer franchement qu’en montagne, l’intérêt de l’alcool, c’est le plaisir ! Sans compter qu’une gorgée de vin avec un morceau de fromage, ça peut apporter beaucoup au moral ! Donner l’impression que l’on est dans des conditions ordinaires, que tout est parfait. Une larme de rhum une fois installé dans le duvet, avant de prendre un bon livre, quel bonheur, ça tient à peu de choses en fait ! Moi j’emmène toujours un peu d’alcool.

Le matériel de toilette

Partir 4 ou 5 jours en haute montagne sans se laver, ou presque, c’est vivable ? Hé oui.

D’abord parce que l’on n’a pas vraiment les moyens de se laver. L’ingrédient essentiel qui manque, c’est l’eau. L’eau chaude de préférence. Et la place pour le faire. Au dessus de 3000 mètres d’altitude, l’eau courante se faire rare, puis disparaît. La seule solution pour se laver consisterait à faire fondre de la neige, beaucoup de neige, puis à se trouver une organisation appropriée pour faire la toilette. Dehors, dans le froid ? Dedans, tassé au milieu d’un espace exigu rempli de gens ? C’est possible, ne le nions pas. Parfois, le camp est en place à 14 heures, il fait grand beau, pas un souffle de vent, et on se retrouve à poil dans la neige avec bonheur. Mais c’est très, très rare. Se laver est compliqué, voilà. Il suffit de le savoir. Et puis, moi à chaque fois que je fais fondre de la neige, j’ai avant tout envie et besoin de la boire, plutôt que de me laver avec.

Mais il faut dire aussi qu’en haute montagne on se salit un peu moins que dans la vie courante. Dans le froid on transpire moins que dans le chaud. La pression atmosphérique faible fait que la transpiration a tendance à se sublimer, c’est à dire à se transformer en vapeur directement, sans imprégner la peau. L’air est froid et sans doute plus propre qu’en plaine, alors les cheveux restent plus longtemps soyeux, libres et vivants, et vous pourrez continuer à les faire virevolter au ralenti, parce que vous le valez bien. Même les pieds, pourtant utilisés et serrés dans des grosses chaussures, ne puent pas ici comme ailleurs.

Bref, curieusement, le besoin de se laver à tout prix est moins fort ici qu’en bas. Pour les gars ça n’étonnera personne, ce sont de gros dégoûtants, c’est bien connu. Mais les filles aussi ont l’air de s’en accommoder sans trop de mal.

Alors, finalement, la toilette s’organise entre :

  • le brossage des dents, action minimum et que généralement on a envie de conserver
  • le débarbouillage du visage. Un truc extraordinaire, appris il y a 25 ans pendant mon stage d’initiateur alpinisme et que je pratique assidûment depuis : les sachets de thé tout juste sortis de l’eau bouillante sont une sorte de gant chaud avec lequel on se nettoie le visage. Petit plaisir qui paraît-il est bon pour la peau. Au début vous hésiterez, mais bientôt ce sera la bagarre pour récupérer un sachet avant les autres…
  • et les 2 toilettes complètes possibles lorsqu’on est en moyenne altitude : le premier et le dernier jour…

Autant dire que le matériel de toilette est restreint : chacun prend sa brosse à dents, un tube de dentifrice et une ou deux serviettes suffiront pour toute l’équipe.

La douche une fois redescendu n’en sera que meilleure.

La photo en haute montagne

Je ne suis pas un spécialiste de la photo, loin de là… Pourtant je n’imagine pas de partir là-haut sans appareil… Je ne sais pas bien pourquoi, j’ai le sentiment que les moments passés là-haut sont précieux, qu’il faut impérativement les fixer quelque part, pour me les remémorer à moi-même de loin en loin, et les montrer aussi. Il y a probablement là-dedans une dose de fierté… montrer ce qu’on a le « privilège » de vivre, épater la galerie. Ca n’est pas entièrement reluisant mais c’est comme ça.

Toujours est il que la photo en montagne ne va pas sans poser un certain nombre de questions. Voici quelques réflexions empilées au cours des ans et des expériences plus ou moins réussies.

Quel appareil emporter ?

L’appareil photo numérique permet aujourd’hui une nouvelle approche.

Les modèles compacts de base tiennent dans la poche, ont un zoom… Il sont à mon avis appropriés pour ce que j’attends d’eux : pouvoir, en pleine action, saisir un moment, une scène, une vue éphémère, même si l’on n’a pas le temps de faire de réglages. … Je me revois en équilibre instable, saisir l’appareil d’une main dans la poche, le pointer grâce à l’écran, voire même au jugé, cliquer et le ranger, et découvrir plus tard que la photo est réussie. C’est réellement une nouveauté. Beaucoup de photos de ce site ont été pris avec un tel appareil.

La fonction « panorama » est vraiment intéressante, voire importante, en montagne, car les paysages sont souvent larges. Je vous conseille d’y réfléchir.

Les inconvénients sont toutefois nombreux :

  • les batteries se déchargent vite dans le froid (en prévoir plusieurs jeux)
  • en raid il faut avoir une bonne avance de carte mémoire car on ne peut pas la vider à tous les coins de rue. Ca coûte cher.
  • les APN sont plus fragiles que les argentiques. Aux chocs, à la poussière… Il faudra aussi savoir les ranger sous peine de déboires graves.

Le pied

Il n’est pas indispensable en montagne car les lumières sont souvent fortes, dès le petit matin ou les fins d’après midi. Son encombrement le fera donc délaisser, sauf pour les photographes qui veulent vraiment approfondir, prendre de la photo nocturne, etc… Mais la seule fois où j’en ai emmené un… il s’est détaché du sac le troisième jour sur une arête aérienne et a disparu dans le vide…

Quelles pellicules ?

Cette question ne se pose évidemment pas pour le numérique. En argentique, une sensibilité de 100 à 200 ASA permet de faire à peu près tout : la luminosité est toujours forte, même par temps de brouillard (due à l’altitude et à la neige), les hautes sensibilités ne sont donc pas nécessaires, avec du 100 ASA en journée vous aurez toujours des vitesses élevées. C’est d’ailleurs une bonne raison pour ne pas s’encombrer d’un pieds photo, qui ne sera utile que si vous souhaitez faire de la photo de nuit.

Diapos ou papier ? Du temps de l’argentique j’étais plus « diapos » car sur papier je ne retrouve pas la saturation des lumières. Le numérique ne me permet plus de me poser la question.  Les vidéoprojecteurs actuels redonnent cette lumière qui manque au papier.

La prise de vue

Ma modeste compétence ne me permet pas de dire grand chose sur le sujet. Tout au plus ais-je compris un ou deux trucs que je crois importants :

La photo, ça se travaille

Pendant longtemps j’ai pris des photos à la volée, en avançant, sans cadrer, sans travailler l’exposition… Sensible à la beauté du lieu ou du moment, je ne savais pas faire la différence entre l’aspect « anecdotique » d’une photo (ce que raconte la scène ou le paysage pris) et sa qualité graphique et artistique. Résultat : des années après, l’immense majorité de ces photos m’apparaissent fades, peu agréables à regarder. Ne reste justement que le souvenir de l’événement, qui n’intéresse que moi…

A part heureux hasard, pour faire une photo « belle » (j’emploie ce terme malgré sa dimension éminemment personnelle et relative), il faut… du temps. S’installer. Chercher. Essayer des cadrages, des sensibilités, des approches du sujet. Qu’est-ce qui me touche dans ce que je vois, et comment le rendre au mieux au travers de cette fenêtre si limitée par rapport à l’ensemble de mes sens…

Comment concilier cette exigence de temps, et celle… d’avancer, car généralement on est là pour ça avant tout ? Je n’ai pas de solution miracle. Mais si la photo est un objectif prioritaire de la balade, il faudra savoir trouver des solutions. S’arrêter parfois. Poser le camp très tôt et passer du temps ensuite. Pour les photos en pleine action, le photographe devra probablement se désolidariser un moment du groupe, s’éloigner, être un regard partiellement extérieur…

La surexposition sur la neige

En gros il faut savoir que sur la neige la cellule prend des UV plein la gueule et a tendance à fermer le fortement le diaphragme. Si le sujet central de la photo est précisément la neige, pas de problème. Par contre, tout ce qui n’est pas la neige (rocher, personnages, etc…) aura tendance à apparaît trop sombre. Il faut donc effectuer une correction. Cette correction se fait :

  • soit manuellement : on lit l’indication de diaphragme donnée par la cellule et on ouvre de 2 diaphragmes de plus. Autre solution manuelle : on vise le ciel bleu et on fait le réglage lumière dessus, puis on prend la photo. C’est un phénomène connu des pros, ils appellent ça je crois le « fonds de ciel », ou « gris ». Ca repose sur le principe que ce fonds de ciel envoie la luminosité normale du soleil, non augmentée de la réverbération de la neige. La cellule prend alors en compte la bonne quantité de lumière. Ca marche.
  • soit automatiquement : beaucoup d’appareils ont une possibilité automatique dans leur menu pour surexposer d’un certain nombre de diaphragme. Sur les appareils photo numériques, il existe souvent un mode préprogrammé qui s’appelle par exemple « Personnage devant un paysage »… A vous de le découvrir.

L’habillement

Réfléchir à son habillement pour une virée un peu longue en haute montage tient de la quadrature du cercle : dans l’effort on transpire et on se salit, alors on aimerait avoir un change complet pour chaque jour. Pour le confort mais aussi parce que l’on a moins chaud dans des vêtements sales.

Mais on aimerait aussi être légers, et un change par jour dépasse largement les possibilités du sac et de son porteur… Il n’y a pas de solution miracle, c’est toujours un compromis. Personnellement, je fonctionne avec très peu :

  • Un jeu complet d’habits et un change de sous-vêtements pour le jour
  • Un ensemble de sous-vêtements pour la nuit

Tout l’art consiste ensuite à faire « tourner » intelligemment ces habits.

Ce qu’on a sur le corps en journée

Dans l’action, il est rare que l’on ait vraiment très froid, même lorsque la température est très négative. Voici les composants principaux de l’habillement en situation « normale » :

  • Les sous-vêtements normaux de la vie courante
  • Un sweat-shirt ou quelque chose d’approchant.
  • Une fourrure polaire : c’est aussi chaud qu’un très gros pull, c’est plus léger et plus confortable, ça sèche plus vite. Personnellement je conseille  de la prendre grande, qui descende presque au base des fesses, pour bien couvrir le bassin (c’est toujours par là que le froid entre sous la veste) et aussi pour permettre de mettre si besoin un pull dessous.
  • Une veste coupe-vent imperméable à la pluie mais perméable à la sueur (gore-tex par exemple)
  • De quoi se couvrir la tête (bonnet ou capuche fourrée de la veste)
  • De quoi se couvrir le cou : foulard par exemple. C’est un vrai confort.
  • Des gros gants chauds et imperméables, des petits gants (soie ou laine) à mettre en dessous pour pouvoir enlever de temps en temps les gros

Dans l’action, on a rarement très froid, et si on a un coupe vent efficace, on a surtout une tendance à avoir trop chaud et à cuire à l’étouffée. L’habillement décrit ci-dessus peut suffire par des froids de -20°C sans problème. Il est d’ailleurs difficile de se couvrir tellement plus. S’il fait vraiment froid, vous pouvez insérer une seconde petite polaire sous la polaire principale, mais c’est à peu près tout, au delà votre mobilité se trouvera réduite par votre forme de bibendum.

Si vraiment vous devez affronter des froids très supérieurs (en cas d’ascension sur des très hautes montagnes), il sera peut-être nécessaire de vous fournir des vêtements spécialises, comme les vestes de duvet… mais c’est une autre histoire.

Le séchage des habits de journée

Généralement, une partie des habits que l’on a sur le corps dans la journée sont mouillés le soir au campement, ne serait-ce que par la transpiration, mais parfois aussi par la neige qui a fondu (les pantalons sont toujours trempés sous le genou, même lorsqu’on a des guêtres) ou… la pluie.

Lorsqu’on part pour plusieurs jours, il faut alors impérativement  les faire sécher dans le duvet. Pour cela, dès que vous êtes installés au camp dans vos duvets (l’après-midi si possible) disposez-les contre vous, le plus étendus possibles. C’est désagréable mais en quelques heures tout s’arrange.

Au cas où la séance de séchage ne suffirait pas, le second jeu de sous-vêtements permet de s’habiller le lendemain matin avec du sec contre la peau avant de remettre les autres vêtements encore humides. Dans ce cas, le soir qui suit il faudra impérativement réussir à tout sécher.

Pour la nuit

Il est impératif d’avoir au contact de la peau des habits secs pour la nuit. On a moins froid, c’est plus confort, bref : on dort mieux, on est plus en forme et l’ensemble de la ballade s’en trouve bonifié.

Je conseille donc d’emporter un change de sous-vêtements « spécial nuit ». Le soir, au moment de se coucher, on enlève tous les sous-vêtements de jour qu’on range soigneusement dans le duvet pour qu’ils soient chauds le lendemain, on met ses sous-vêtements de nuit et par dessus on remet s’il fait vraiment froid des habits de journée .

Attention les flemmards, le matin il faut absolument enlever les sous-vêtements de nuit pour les ranger, et remettre ceux de la veille. Si vous ne faites pas ça, vos habits de nuit seront sales dès le premier soir et c’en sera fini de votre confort nocturne pour le reste de la ballade. !

Voir aussi « La vie à l’intérieur de la tente« , dans lequel vous trouverez d’autres conseils concernant la manière de s’organiser dans la tente, entre autre avec les habits.

La nourriture

Ach… la nourriture en haute montagne ! Sujet délicat, important et peu consensuel s’il en est. J’avoue avoir beaucoup changé d’avis et de manière de faire au cours de toutes ces années.

Il y a eu, au début, la période « vivre de course, ration de survie ». Soupes lyophilisée, en cas de Knorr et semoule pour le soir, barres de céréales survitaminées pour la journée, avec une réserve supplémentaire cachée quelque part au fond du sac, la « ration de survie, à prévoir dès qu’on dépasse 2500m », dixit les manuels.

C’était écrit dans les manuels, j’avais 16 ans, j’ai suivi la consigne sans discuter et sans me poser de questions. C’est sûr, après quelques années de recul, je trouve que c’était un peu ridicule. Sous prétexte de chasse au poids, on se retrouvait à manger des trucs composés de 90% d’eau et de 10% de sucre, qui coûtaient cher et laissaient le corps affamé et l’esprit frustré. Quant à l’existence d’une limite d’altitude au delà de laquelle la ration de survie est indispensable, je me demande qui a pu sortir ça… La survie ça peut vous tomber dessus au niveau de la mer (voire plus bas), inversement dans certaines parties du monde on couche à l’hôtel et on circule en car grand confort à 4000m. Bah!

Cette période s’est achevée au Pérou lors d’un voyage d’alpinisme. Mon copain Pascal et moi avions pris la chose très au sérieux en ce qui concernait l’alimentation. A l’époque il était possible d’avoir une aide logistique des entreprises pour réaliser ce qui pouvait encore passer pour une « expé », alors on avait emporté des caisses de de plats lyophilisés à 40 francs la ration… Il y en avait pour une fortune. Après quelques semaines, et plusieurs tentatives d’ascensions avortées de sommets à 6000m et plus (on était encore mal acclimatés, pas sûrs de nous) on croise un alpiniste local qui nous voit faire cuire nos ersatz de nourriture et fait des yeux grands comme ça. Il nous explique que lui, quand il part pour un sommet, il met dans son sac 10 bananes, 5 oranges et de quoi faire du thé, et que ça le fait comme il faut pour 2 ou 3 jours.

On se sentait un peu cons, avec nos stocks de spécialistes, mais on a suivi le conseil. A partir de ce moment les sommets tentés ont été réussis. Y a t-il eu un rapport de cause à effet ?

Lorsque j’ai commencé à prendre l’habitude de partir en itinérance sur plusieurs jours, une seconde période a commencé : la bouffe pas trop lourde, simple à faire, et qui tient au corps. C’était des boules compactes de céréales cuites mélangées avec quelques fruits secs… des sucres lents, un peu de sucres rapides… Alors là c’était vraiment n’importe quoi. Je me souviens d’une semaine dans le massif du Mont Blanc, avec un temps épouvantable. On passait de nombreuses heures sous la tente, avec un moral pas toujours très bon car l’inquiétude du retour était toujours présente… Dans ces moments le moral est très influençable, l’alimentation jour un rôle non négligeable. Je nous revois nous forcer à manger, repas après repas, des boulettes inappétissantes qui nous écoeurèrent bientôt. Pour sûr, on avait notre ration de sucres lents, mais à quel prix.

C’est sur la base de cette expérience que je suis arrivé au fonctionnement que j’ai aujourd’hui, et qui repose sur le principes suivants : il faut avoir à la fois la qualité et la quantité. C’est à cette condition que le corps restera en forme, et que le mental restera au beau fixe. Je pense sincèrement qu’au coeur de la tourmente, une excellente alimentation peut sauver des vies, ne serait-ce que par le moral qu’elle permet de garder. J’ai d’innombrables souvenirs d’après-midi de tourmente, passées sous la tente à attendre l’accalmie des heures durant, durant lesquelles les plantureux repas qui venaient entrecouper les longues périodes à lire ou somnoler au fond des duvets étaient des rayons de soleils festifs qui effacent en quelques minutes les inquiétudes concernant notre capacité de survie.

Personnellement, en montagne je procède à présent presque comme à la maison :

  • Il faut manger équilibré, surtout lorsque l’on part plus de 2 ou 3 jours. Les fruits et légumes, les protéïnes doivent rester présents au menu, et pas seulement sous forme lyophilisée. Je sais c’est lourd, mais c’est comme ça.
  • Il faut manger appétissant, c’est à dire des choses qui ressemblent à des aliments bien définis, et pas des tas informes précompactés.
  • Il faut manger diversifié : les goûts doivent varier d’un repas à l’autre, même si les aliments en question servent à la même chose. Il y a plein de bonnes sauces précuites, différentes sortes de céréales, etc…
  • Il faut manger à sa faim, c’est à dire arrêter de manger lorsque l’on n’a plus faim, et non pas lorsque le plat est fini. Il faut avoir assez pour faire des repas supplémentaires si la faim revient

L’inconvénient majeur est évidemment le poids. Il faut accepter de porter 4 ou 5 kilos de nourriture chacun, en plus de son barda habituel. Mais le bénéfice est net, le plaisir démultiplié.

Vous trouverez ici une liste indicative d’aliments que j’emporte dans les balades (format excel). Vous y trouverez certains aliments très lourds (boites de conserve, plats cuisinés), qui sont consommés les premiers jours pour que les sacs s’allègent rapidement. Si vous adoptez le principe de la boite de conserve, il faut le faire en sachant que vous porterez la boite vide durant toute la balade, et qu’elle ne finira pas sous un rocher. Oui, oui, je vous vois sourire, ne niez pas !

Quelques principes utiles en vrac :

  • Pour intégrer le mauvais temps éventuel, je rajoute 2 jours de nourriture pas lourde et bourrative (purée, pâtes) à la durée de la balade, qui pourront largement durer 3 ou 4 jours si le besoin s’en fait sentir.
  • L’appétit est rarement au rendez du petit dej’. L’altitude, le réveil très matinal laissent souvent une impression de nausée. Ce repas sera donc souvent peu copieux, composé de boisson (thé ou autre), éventuellement d’une céréale qu’il vaut mieux prévoir très appétissante (le porridge n’est pas forcément indiqué), d’un fruit frais s’il y en a.
  • Il n’est donc pas rare que l’appétit arrive peu après le départ. Il n’est plus temps de s’arrêter ni de faire un repas organisé. C’est à mon avis dans cette circonstance que se justifient les barres de céréales et autres choses appétissantes et faciles à manger sans retarder le groupe. Chacun peut manger à son rythme.
  • Le repas du « midi » est souvent un peu léger lui aussi. Peu de temps pour s’arrêter, sans compter qu’il peut faire très froid… Je le conçois comme un un cas un peu renforcé, pour compléter les barres de céréales prises au fil des heures : pain saucisson fromage (vin rouge ? je blague à peine, il m’est arrivé d’en emporter et je n’ai pas regretté les kilos supplémentaires), un peu de chocolat… beaucoup d’eau.
  • … donc en bref, LE repas de la journée, c’est le repas du soir. N’hésitez pas à le débuter tôt (pourquoi pas dès 17h ou 18h), il durera longtemps, il faudra faire fondre la neige pour la soupe, faire la vaisselle entre les plats, dans la tente il y a peu de place tout prend un autre rythme…

Le matériel de bivouac

Le matériel de bivouac est d’une importance énorme pour le confort, voire pour la survie.

La tente

Dans l’idéal elle doit être ce qu’on appelle « 4 saisons », c’est à dire conçue pour le froid, la neige et le vent. Une telle tente coûte cher (à partir de 700 euros pour 3 places) mais… ce qu’on peut y être bien !

Il est bien sûr possible de s’accommoder d’une « 3 saisons », beaucoup moins chère et moins chaude, je l’ai fait durant de nombreuses années, mais les nuits seront moins agréables : on perd plusieurs degrés, en cas de vent la tente bouge beaucoup plus et ça peut être inquiétant parfois, il y a souvent d’importants problèmes de condensation…

Dans tous les cas, veillez à la qualité du tapis de sol qui doit être parfaitement étanche ! Cela n’empêchera pas de l’humidité d’arriver par en dessous (l’humidité de l’air de la tente se condense au contact du tapis de sol qui est à la température de la neige), mais ça limite fortement quand même, et il faut bien comprendre que l’humidité est, avec le froid, l’ennemi n°1 sous tente en montagne. Rester sec est un gage de confort mais aussi de sécurité très important.

Sachez que plus vous serez nombreux dans la tente, plus vous aurez chaud lorsqu’il fera très froid dehors. Il faut trouver le compromis entre le confort thermique et le confort de l’espace. Personnellement, j’essaie toujours de bien remplir les tentes. Une tente « 2 personnes confort » peut sans problème contenir 3 personnes, une « 3 personnes confort » contiendra 4 adultes, voire 3 adultes et 2 enfants, etc…

Le duvet

Autre élément clé du bivouac. La qualité du duvet est principalement décrite par leur « température de confort » et leur « température extrême ». Ces deux chiffres ne sont pas toujours très fiables, mais disons que pour dormir correctement sous tente lorsqu’il fait -20°C dehors (ce qui peut être le cas en été à 4000m ou en hiver à 2500m), il faut un duvet « confort -10°C » au minimum. Pour un bivouac sans tente il faudra du… -20 confort, évidemment.

Il existe des duvets… en duvet, et des duvets synthétiques. Mon expérience d’aujourd’hui me fait préférer le synthétique, qui est un peu moins cher pour une température équivalente, mais surtout sèche beaucoup plus vite. Il faut savoir en effet que l’humidité est l’ennemi n°1 dans une tente plantée dans la neige : la condensation est très forte, la glace qui fond en permanence des parois humidifie sans cesse les duvets, et l’humidité arrive aussi par en dessous. Dans de telles circonstances, ce duvet en duvet restera mouillé très longtemps, formera des boules de duvet entourées d’espaces vides au travers desquels le froid entrera comme dans un moulin. Par contre, le duvet en duvet peut être très, très chaud et douillet lorsqu’il est bien sec… rien n’est parfait.

Si tu n’as pas de bon duvet, n’hésite pas à en prendre 2 de qualité moyenne que tu enfile l’un dans l’autre, cette astuce pèse lourd mais permet facilement d’atteindre -10°C confort, même avec des duvets de base. Si tu utilise cette astuce, il te faudra t’arranger pour que les duvets puissent se fermer correctement autour des épaules, au besoin en y cousant des cordons.

Une dernière solution que j’ai testée et qui m’a semblée un excellent compromis poids / efficacité pour ceux qui n’ont pas de bon duvet : prenez chacun un duvet de qualité moyenne (genre 0°C) et, en plus pour chaque tente, un duvet supplémentaire qui s’ouvre en carré. Mettez le par dessus tout le monde une fois chacun dans son duvet, et tassez-vous. Il règnera déjà, sous cette première couche collective, une agréable chaleur animale partagée. Mettez les plus frileux au milieu, et évitez de trop bouger, sinon ceux qui sont sur les bords auront froid dès que cette couverture tombera.

Le tapis de sol

C’est un accessoire indispensable. Dormir le duvet à même le tapis de sol de la tente, voire à même la neige est tout bonnement impensable car le froid se transmet très bien au travers du duvet compressé… Par grand froid, un simple pied qui dépasse du karrimat et repose sur le sol est rapidement engourdi voire partiellement insensible, c’est pour dire !

Pour dormir sur la neige, les petits tapis de sol en mousse compressée de 1 cm d’épaisseur sont insuffisants, on sent parfaitement le froid au travers. Prenez au minimum un gros tapis de sol en mousse (environ 2 cm d’épaisseur), ou 2 petits l’un par dessus l’autre. Encore beaucoup mieux : investissez un matelas autogonflant (genre Therm-a-rest), un peu plus lourd et beaucoup (beaucoup !) plus cher mais thermiquement très efficace, et qui apporte aussi un réel confort supplémentaire en adoucissant les bosses de neige (les matelas de mousse n’apportent aucun confort). Il en existe là aussi plusieurs épaisseurs, 3 cm me semble déjà correct, 4 cm encore mieux. Inconvénient : ils sont assez fragiles et se percent facilement. Il faut impérativement emporte un kit de réparation pour les crevaisons !

Une pelle à neige

A ne surtout pas oublier pour faire une plate-forme en cas de nuit sous tente, faire des blocs pour un igloo, ou pour creuser un trou si vous dormez à la belle. Creuser au piolet est épouvantablement long. Il existe des pelles à neige à manches rétractables qui se casent facilement sur le sac. En tout cas, prend du solide, sinon tu la cassera dans la neige dure et tu auras l’air d’un con dans la tempête. Il existe aussi des modèles de petite taille qui s’emmanchent sur le piolet. Jamais essayé, mais ça ne m’inspire pas, ça me semble trop petit pour être très efficace …